mardi 29 juin 2010

Musique grand modèle, Français petit modèle

Sans doute avez-vous entendu parler de cette publicité allemande.« Faites comme Madame Bruni, choisissez un petit modèle français ». Preuve de l’existence d’une forme d’humour allemand, si certains d’entre vous en doutaient. En réalité, l’humour allemand est en général un peu différent, plus bon enfant que caustique, mais c’est une autre histoire.

Il y existe à Munich un paradis pour les mélomanes, le dernier étage de Ludwicks Beck, un grand magasin qui se trouve en plein centre, sur la Marienplatz et dans tout un pâté de maison attenant - j’en ai brièvement parlé à Noël.
Tout l’étage est occupé par les rayonnages, essentiellement classiques, dans une présentation luxueuse. L’abondance y règne, on ne sait plus où donner de l’œil. De l’œil et de l’oreille : tous ces disques ne sont pas cachetés – s’ils le sont, le personnel les ouvre pour vous – et tous les livrets sont là ; une large batterie de lecteurs de CD, munis de bons casques, sont à notre disposition pour une écoute aussi longue que possible. Encore une fois, l’idée est bonne : à force d’avoir le choix et de pouvoir écouter sans acheter, on a envie d’acheter. Un paradis pour l’amateur, un enfer pour le portefeuille.

L’endroit est aussi abondamment pourvu en disques de jazz, de musique du monde et possède même un très honorable rayon consacré à la chanson française. Et c’est là que vient la surprise, à la lettre « C ».

Révélateur, non ?

mercredi 23 juin 2010

Transports amoureux

Un enquête effectuée par plusieurs automobile clubs, parue il y a quelques temps, classait les villes européennes les plus agréables à vivre, en particulier sur le plan des transports en commun (voir ici). Elle est très partielle, peut-être pas des plus sérieuses, mais, au moins pour deux villes, a quelque chose de vrai. Paris est 13e, Londres 20e (ouf) et la première place revient à Munich. D'ailleurs, un magazine anglais vient de classer Munich comme "la ville la plus agréable du monde", sans rire (ici en version française, en V.O.), Paris est 7e, ce qui n'est pas si mal. Pour bien connaître les deux villes, j’aurais volontiers le même avis, tant la comparaison est défavorable à Paris.

Munich a quatre réseaux, parfaitement complémentaires, qui se recoupent mais ne se redoublent pas. Le plus sympathique est le tram, appelé ici Strassenbahn, issu d’une vieille tradition dont a des souvenirs au musée des transports (formidable endroit dont je reparlerai peut-être un jour). Il subsiste quelques-uns de ces vieux modèles, mais ils sont en face aux nouveaux tramways, plus conformes aux canons de l’actuelle mode tramwayique.

Les bus, tous modernes, tissent une autre toile sur la ville, plus dense, et qui permet d’aller partout. De jour comme de nuit.


Au centre de la ville passe également le S-Bahn, ou « Schell-Bahn », une sorte de train de banlieue, ou plutôt de RER, 9 lignes qui passent toutes par les gares et qui se répartissent au-delà en étoile, dans toutes les directions. S’y ajoute le métro, dont Munich s’est aussi dotée depuis 1972. Les rames accusent leur âge, avec leur esthétique en formica, mais, construction allemande oblige, sont des plus robustes. Un nouveau modèle est apparu depuis peu, tout aussi spacieux, mais d’un seul tenant, qui le remplace : le métro fait d’un coup un saut de quarante ans.

Le réseau ne fait pas tout : le métro est spacieux, les stations sont vastes et aérées. Tous les transports ont des horaires connus à l’avance et sont d’une assez remarquable ponctualité. Des panneaux annoncent partout les prochains bus ou prochaines rames. Ils sont fiables et pas soumis à la douce folie des panneaux des bus parisiens qui sont fiables comme une promesse électorale. Le nouveau résident de Munich se voit envoyer gratuitement plans et horaires de lignes. On sait où on va, comment et en combien de temps. A Paris, chacun sait à quel point, sous la terre, on doit s’armer de patience pour affronter les retards, les incidents, la foule écrasante, les escaliers avec une lourde valise, les couloirs biscornus et interminables, etc. Ici, on trouve partout ascenseurs et escalators bidirectionnels. Et bien sûr de quoi manger à chaque station, avec une boulangerie ou un petit Imbiss, où on mange debout.

Pourquoi est-ce si difficile de faire à Paris ce qui a si bien réussit à Munich ? Certes la ville est bien plus peuplée, bien plus ancienne et bien moins plate. Mais la solution existe néanmoins : il suffirait de bombarder Paris comme l’a été Munich, en la rasant quasiment totalement, et l’on pourra tout reconstruire en neuf et en plus beau. Pompidou est mort trop tôt…

lundi 14 juin 2010

Là où il y a de l’hygiène…

Mon propriétaire, en homme avisé inquiet pour l’état de son appartement, m’a laissé, lorsque j’ai emménagé, des produits d’entretien en très grand nombre, dont voici une petite sélection.

S’y ajoutaient force éponges, torchons et serviettes. Avec un Français, on ne sait jamais. Ces gens-là ne sont pas toujours propres. Dans la salle de bains, où trônent aussi les WC, on trouve aussi, juste au-dessus, cet autocollant.

On pourrait penser que j’ai à faire à un homme particulièrement porté sur l’hygiène, ou sensibilisé par sa femme au séjour sur la cuvette après le passage d’un homme désinvolte. Il n’en est rien, car cet avertissement est assez universel en Allemagne. En voici un exemple berlinois, plus fantaisiste.

Sur mon propre lieu de travail, dans les WC communs, on est plus austère, on ne plaisante pas, mais le message est le même : messieurs, assis !

J’en connais qui, mettant leur virilité et leur honneur dans la position debout, se scandalisent en découvrant en Allemagne ces panonceaux : on les rabaisse ! Jusqu’où iront le politiquement correct et le féminisme ? Tout cela me semblant avant tout culturel, je n’y attribuerais pas le même sens. Les Allemands vous répondraient, avec raison, en cœur : c’est plus hygiénique ! Et ici, on ne rigole pas avec l’hygiène.

mardi 8 juin 2010

Filière Afghane

Au-delà du Rhin commence le royaume du pavot, qui se poursuit jusqu’au fin-fond de la Russie la plus orientale. Le graine du pavot est employée ici sous bien des formes, pour parfumer les pains comme les desserts, souvent en mélange, mais parfois seule. Une des recettes les plus courantes est la tarte au pavot, que j’affectionne particulièrement. On en trouve une délicieuse dans une pâtisserie (photo ci-dessous) de l’Amalienstrasse, dont je parlerai peut-être une autre fois.

Mais voilà qu’un blog fin gourmet, celui de Flo Brezel (désormais ajouté en lien), une Française de Munich qui s’est dévouée à la cuisine, en a donné la recette, toute simple (ici). Je passe sur la pâte (un délice), pour juste vous montrer sur cette photo les ingrédients de la garniture, simplissime.

Le résultat suit, avec cette tarte - comme l’auteur du blog, nous (car nous étions deux) avons utilisé le reste de la pâte pour décorer un peu le dessus de ce dessert qui paraît bien noir. Il faut naturellement une vue en coupe d’une part pour se rendre compte des proportions pâte-garniture, qui est restée très moelleuse. Point n’est besoin d’être grand cuisinier pour réussir cette tarte.

Je vais peut-être m’aboucher avec des talibans pour importer de grandes quantités de pavot.

jeudi 3 juin 2010

Au bureau

Assez parlé de la Grèce ou des attraits touristiques et culinaires de Munich, soyons sérieux. Car il en est qui croient que je suis ici en vacances. Que nenni, je passe le plus clair de mes journées dans un bureau du quartier de l’université (la « LMU »), dans un centre de recherches, sur une cour intérieure – ici sous la neige.La vue, depuis là-haut, ne manque pas de charme, surtout en hiver, comme vous le constatez sur cette photo.
Au passage, admirez la technique pour se débarrasser de la neige en excès par-dessus la haie.
Allez, encore une pour la route.

Mais vous risquez là encore de croire que je passe mon temps à rêvasser devant ma fenêtre. Or, mon bureau est rempli de livres de travail, les miens ainsi que ceux que j’emprunte à longueur de journée en bibliothèque, mais aussi de dossiers, de papiers, de photocopies.
Je suis connecté au reste du monde par Internet, et suis sans téléphone fixe, ce qui est un gage de tranquillité. Ayant la clé de l’endroit, je puis y travailler 24 heures sur 24 en toute quiétude – pour le moment je n’ai pas dépassé minuit.
Un bureau en accès libre, dans une vraie bibliothèque, voilà un luxe qui nous est interdit dans l’université française : je n'en ai jamais eu et n’en aurai probablement jamais à mon retour en France. Je goûte donc ce plaisir de travailler dans de bonnes conditions. Aussi mon bureau me voit-il très souvent et ais-je encore plus de plaisir à y être qu’à boire une Weissbier.