mardi 31 août 2010

Sans commentaires


Munich, Schellingstrasse, 15 août 2010

jeudi 26 août 2010

Un an


Un an jour pour jour que je suis installé à Munich. Pas encore un an de blog, mais cela viendra et toutes les occasions de fêter un anniversaire sont bonnes. Le bilan? Si j'écris "globalement positif", le lecteur un peu lettré ou un tantinet midlife, comme on dit ici et ailleurs, comprendra que je suis effondré et que le blog est une façade peu réaliste qui cache un sombre échec. Alors, non: totalement positif.

Munich m'a immédiatement déclaré sa flamme et je me suis vite laissé faire... Certes, il a fallu affronter un appartement à la décoration hasardeuse - ou alors, simplement: allemande? C'est le risque des meublés. Mais celui-ci a les avantages de ses défauts: il est pratique, bien organisé, calme et on peut tout de même cacher dans un placard les pires horreurs. Quant aux fenêtres, elles m'ont vite mises en présence des écureuils qui sautent dans les arbres sur lesquels elles donnent.

Il y un an, un siècle, une éternité, c'est l'été indien qui m'accueillit et se prolongea jusqu'en novembre. Oserais-je écrire, en vil plagiaire: tu sais, cher lecteur, que je n'ai jamais été aussi heureux que ce matin-là? Quel matin? Mais tous, voyons! Je nageais donc dans le bonheur comme aujourd'hui dans le petit Dassin.
Il n'avait pas encore neigé sur les lacs, Starnbergersee, Ammersee, où je suis allé comme les Parisiens vont au Luxembourg ou aux Buttes-Chaumont, mais pour y voir un autre spectacle, respirer, admirer les Alpes ou parcourir les forêts mordorées.
Le soleil illuminait encore le Viktualienmarkt en novembre, où l'on pouvait toujours fréquenter son Biergarten.
Idéal pour la Weisswurst, plat simple qui n'a déçu personne et que j'ai définitivement adopté.
Au rayon fort encombré des bons souvenirs, il y aurait bien sûr la magie de Noël dans cette ville illuminée et enneigée, un paradis pour les enfants et les enfants attardés, les adultes que la vie n'a pas trop cassé...
Aussi, après quelques réticences, le séjour-découverte dans les Müllers Volksbad, plouf plouf à poil (et si j'y retournais?).
Mais n'oublions pas les formidables cours de langue, la séduisante Heidelberg, la passionnante Berlinles sorties, la musique, la facilité de la vie, j'en passe et des meilleures!

Il n'y aurait rien à redire? Certes non, tout ne fut pas facile et il fallut affronter bien des épreuves.
En premier lieu le Général hiver, qui, s'il se fit attendre, n'hésita pas à rester plus que de raison: quatre mois d'un hiver un poil trop long (or, je n'en suis pas trop pourvu - de poils)
Mais il fallu aussi affronter de redoutables personnages, parfois sur véhicules, parfois à pied, mais dotés de considérables pouvoirs de nuisance
Celle-ci n'est-elle pas la plus dangereuse?
La lutte était parfois quotidienne, quand ces horribles images venaient vous inviter à commettre tous les excès, "mangez-moi, mangez-moi!"
Ne suis-je pas allé jusqu'à goûter le camembert frit?
Ne fallut-il pas, en bon ethnologue, affronter les terribles épreuves de l'Oktoberfest?
(par respect pour sa vie privée, nous avons masqué les yeux de cette malheureuse victime ).
Pire encore, quand la saison fut venue (et la bise pas du tout partue), avec bière de mars attaque!
Pendant ce temps, les Motörhead venaient vous réveiller à cinq heures, Munich s'éveille, je n'ai pas sommeil - si!
Que penser également de l'attraction qu'exercent sur l'étranger installeé à (presque) demeure les Trachten, ces élégants vêtements traditionnels? Plusieurs amis ont craqué, les malheureux, et s'en sont achetés; je résiste encore et toujours à la culotte de peau. Quelle vaillance!

Certes, ce fut plus dur face au vin, mais ma consommation fut somme toute modérée.
C'est qu'il en faut plus pour émousser mon ardeur au combat; toutes ces épreuves furent affrontées de pied ferme, l'œil vif et la main sûre.

Alors, vous reprendriez bien un an de Munich? Plutôt deux fois qu'une!

mercredi 25 août 2010

mardi 17 août 2010

Sans commentaire



Affichette, Paris, IXe arrondissement, fin juin 2010.

mercredi 11 août 2010

Bobologues en Germanie

Au pays de la chimie triomphante, où l’organisation et l’efficacité sont reines, où la Wellness et la Gesundheit sont au cœur des préoccupations, on pourrait croire que le système de santé est proche de la perfection. On en est loin.


Imaginons qu’un médecin vous ait prescrit d’effectuer de temps à autre des analyses médicales, de sang, d’urine, de santé mentale de l’exilé, que sais-je encore. En France, vous iriez pousser un matin la porte d’un des innombrables laboratoires d’analyses médicales, muni de l’ordonnance et vous auriez le résultat le soir même, s’il ne s’agit pas d’analyses lourdes. Impossible ici, pour la simple raison qu’il n’existe pas de laboratoires d’analyses indépendants. Chaque médecin a son propre laboratoire, les prélèvements étant effectués par un(e) de ses assistant(e)s – le masculin est théorique. Il faut donc prendre rendez-vous et patience, car l’on peut attendre bien des semaines. À chaque fois, il faut réexpliquer au médecin les raisons de la démarche. Quant aux résultats, là encore, il faut attendre, et surtout les réclamer : ils sont destinés au médecin, point. Quant aux médicaments, ils sont parmi les plus chers d’Europe.

Imaginons maintenant que vous ayez une tendinite au coude à force de lever un Maß de bière en braillant « Prost » (le Bier-elbow) ou un sérieux mal au dos à force de porter des cartons de cette même boisson. Vous iriez chez le médecin, disons trois semaines après avoir demandé un rendez-vous. Bien qu’étant théoriquement intégralement remboursé par la sécurité sociale, vous paieriez un forfait de 10 euros. Le médecin vous écoute gentiment pendant dix minutes, vous conseille éventuellement de passer au vin, vous donne des bonnes adresses de restaurants français, mais ne vous examine pas. Il vous envoie vers un spécialiste du dos ou du coude. Le(la)quel(le) vous fait payer un nouveau forfait, vous fait remplir une fiche avec un dessin où figurent les zones de bobos potentiels, avec un QCM, et ne vous examine pas plus. Il ou elle vous fait une ordonnance pour des séances de Manuelle Praxis : vous iriez donc chez un chiropracteur. Alors, les Doktor, on a peur de toucher le patient ?

Question toucher, à la Manuelle Praxis, on se rattrape, une fois que l’on a payé le forfait, plus de 20 euros cette fois-ci. On vous palpe, vous masse, vous manipule, vous chauffe les muscles, vous montre comment tout cela fonctionne, à l’aide nombreux de tableaux dignes de salles de cours de biologie. On vous conseille des positions (de travail…), tout en vous réparant et en vous racontant les facéties du neveu. Un mélange entre le coiffeur (pour la conversation), le salon de massage (pour le palpation) et l’ostéopathe (pour le résultat). Avec une ambiance de salle de sport, si l’on en juge par les tapis de sol et les ballons de toute sorte qui y abondent. Au fond, ces séances sont ce qu’il y a de meilleur dans le système de santé allemand. Mais il est bien cher, bien compliqué et l’on reste étonné devant ces médecins, généralistes ou spécialistes, qui diagnostiquent sans ausculter. De ce point de vue, la supériorité de nos médecins et de notre système de santé est manifeste.



Rassurons-nous, cela ne durera pas, tant le processus de destruction est bien enclenché.

jeudi 5 août 2010

Oh mon gâteau

Sur le Viktualienmarkt se trouve un des temples de la consommation munichoise, le grand magasin Kustermann, qui prétend nous vendre tout trop cher depuis deux siècles. C’est un paradis pour ceux qui veulent suréquiper leur cuisine en gadgets, en ustensiles improbables et en machines à la pointe du progrès.

Mais on y trouve surtout, au premier étage, le Caffè Siena. Ce café italien est un gamin, il ne serait installé là que depuis 140 ans. Ce petit cocon, enserré dans d’épaisses boiseries, est souvent rempli de vieilles dames. Voilà qui est bon signe : amateurs de pâtisseries et d’autres douceurs, ne suivez pas les silhouettes minces des grandes blondes, le désespoir vous guette. Suivez les mémés, elles vous conduiront aux bons endroits.

Le comptoir vous transporte au paradis, avec son abondance sans cesse renouvelée de savantes constructions accumulant pâte, fruits, pavot, fromage blanc, que sais-je encore. Si vous voulez choisir, le jovial patron italien vous invite à aller regarder ses gâteaux « sans conservateur » derrière le comptoir, où l’on défaille. Un peu de pavot, en plaque épaisse, comme ici, mais beaucoup, beaucoup de gâteaux aux fruits et surtout au fromage blanc, avec des fruits, comme sur cette photo. Une fois votre choix effectué, on vous demande, « Noch ein bisschen Sahne dazu ? ». On refuse, se disant que c’est bien assez, que la raison doit l’emporter, que la crème va s’installer en bourrelets, alors non. « Sahne kostet nichts » insiste le patron. Alors bon, en effet, si c’est gratuit, c’est comme si c’était léger. Et hop ! une petite couche sur ce gâteau au fromage blanc, issu d’une recette italienne, dit-on. Comme on vous explique que l’espresso, c’est vraiment trop petit, c’est un capuccino qui atterrit sur la table. Où est la salle de sport ?