dimanche 30 mai 2010

Vous reprendrez bien un peu de Kitch ?

Il arrive que Grecs et Allemands se ressemblent. L’idée déplairait sans doute fortement à l’heure actuelle tant aux et qu’aux autres. Les deux peuples partagent cependant au moins un penchant : ils n’ont vraiment pas peur que le kitch ne leur tombe sur la tête. Cela se voit, par exemple, sur les tenues féminines : Allemandes et Grecques osent ce que les Françaises n’oseraient pas, à juste titre pensent les Français. Cela dit, en matière de kitch, les Grecs sont un peu plus audacieux. On pourrait en donner des multiples exemples, mais je me limiterai à deux.


Voici l’extraterrestre de Roswell en train d’être disséqué, qui agrémente

tout simplement une boutique de vêtements d’Athènes, quelque part entre Exarchia et Kolonaki.


Je garde le pire pour la fin, avec ce panneau planté sur une plage de Poros, la (mal ?)nommée « Love Beach », qui pousse le kitch jusqu’à une étonnante vulgarité. Mais j’ai la faiblesse de croire qu’elle conviendrait parfaitement à certains touristes allemands – disons, pour être simpliste, les lecteurs de Bild – qui la trouveraient amusante. Vous ne me croyez pas ? Voici le petit papier que nous avaient glissé des voisins allemands lors d’une soirée à l’Oktoberfest, hilares et fort contents d’eux.

La vulgarité bon enfant, voilà tout.

mercredi 26 mai 2010

La Grèce toute porique


La Grèce ne vit tout de même pas l’apocalypse (c’est pour 2012) et je voudrais juste finir sur ce thème par une note plus colorée. Certes, j’y était pour travailler, mais j’ai pu effectuer un petit séjour sur une île, un bref aller-et-retour à Poros, île qui effleure le Péloponnèse, non loin d’Athènes. Il est facile d’y passer la journée en utilisant les petits hydroglisseurs que sont les « Fliying Dolphins », dont le design fleure bon le début des années 1960, vu du côté soviétique ; on se croirait dans un petit avion de l’Aeroflot. Pour un plaisir de bateau, bercé par le « doug-doug » d’un moteur, il vaut mieux compter sur les petites embarcations qui franchissent le bras de mer séparant Poros du continent.

La petite ville est situé sur un éperon de l’île, en quelque sorte une presqu’île dans l’île. Les maisons blanchies à la chaux font penser aux Cyclades, surtout au printemps, lorsque fleurissent les glycines et que le soleil découpe le sombres dans les petites rues, fort heureusement encore calmes. Comme toujours, l’amateur de géométrie y est en joie, les cubes des maison s’étageant autour des escaliers et le ciel étant découpé par des faisceaux des câbles électrique que personne n’a jamais dû songer à enterrer.


Il reste encore quelques pêcheurs, si l’on en juge par les bateaux qui bordent le front de mer sur toute la baie.

L’île est très vertes, très boisée, ce qui est plutôt rare. Elle comporte peu de plages, mais il en est de fort agréables, comme dans cette crique où est située une « love-beach » – nom qui n’augure rien de bon en haute saison. Il est très probable que cette petite île, très proche d’Athènes, doit être bondée et pénible l’été.

Dans ce cas, on reprend vite fait le « Flying Cat », version surdimensionnée, rapide, moderne et malheureusement climatisée des vieux Flying Dolphins.

*

Un plus large choix de photos de Poros ici.


lundi 24 mai 2010

La fabrique du lieu culte

Des concerts classiques forcément un peu guindés par le rite, des cérémonies religieuses en pagaille, des fêtes où on se tape sur l’épaule et sur le ventre, une population dont le principal loisir est de boire des litres de bière, vêtu d’une culotte de peau et d’un chapeau ridicule : résumé ainsi, Munich paraît bien provinciale. Y a-t-il des jeunes ? Une véritable vie nocturne ? Ce n’est pas a priori évident : il n’y a pas un quartier qui concentrerait les lieux de nuit, bien visible, ni une omniprésente effervescence comme à Berlin. On doit chercher la nuit, un peu cachée derrière les sobres façades. Munich possède nombreux bars, par exemple dans le quartier étudiant de Schwabing – elle est tout de même une des plus grosses villes étudiantes d’Allemagne. La vie nocturne semble même relativement intense sur le papier, vu le nombre de « partys » officiellement recensées. Mais tout est dispersé.

Il est tout de même un lieu qui concentre la vie nocturne, que j’ai découvert vendredi dernier, la Kultfabrik. Derrière les voies de la gare de l’Est (Ostbanhof), dans un quartier un peu sinistre, un grand ensemble hétéroclite de bâtiments industriels a été réuni dans ce qui se veut le plus grand lieu nocturne d’Europe. Je n’ai pas assez d’expérience pour vérifier cette assertion. Le kitch est de règne et l’exotisme est saisissant dans cette ville en apparence sage, propre, policée et restaurée à grands frais. Ici, on ne trouve que des bâtiments foutraques, de guingois, hangars, ateliers aux toits de tôles, aux vastes tuyauteries désaffectées, escaliers de fer branlants qui descendent des étages, recouvert de panneaux criards et variés, stands de döner et de boissons sucrées. On n’a peur de rien : voici le club Kalynka (bien avant son ouverture) et sa grande tête de Lénine – vous êtes bien en Bavière – son décor approximatif et son panneau qui renvoie à son voisin… Le New Yorker, qui fait dans le «table dance». Un peu avant se trouve mon préféré, le « Schlager Garten ». L’endroit convient aux amateurs, nombreux de Zürich à Salzbourg en passant donc par Munich (et bien au-delà), de cette musique très populaire et entraînante, la Schlagermusik, qui est à la musique pop ce que la Maß de bière industrielle est au Vosne Romanée. C’est la musique de l’Oktoberfest. Gai et pouët pouët, avec des morceaux de synthé dedans (quelques exemples ici, admirez le clip qui va avec).



Mais il y en pour tous les goûts dans la bonne vingtaine de boîtes qui composent la Kultfabrick. La nuit tombée, la foule est dense dans les ruelles et tous les hangars résonnent des beats puissants. L’alcool coule à flots, la police est là, plus ou moins discrète, pour veiller aux hordes d’ados et de moins jeunes qui viennent danser pour pas cher. Un homme, titubant dès onze heures, m’a demandé où était le « Partybus ». Car la mairie a mis en place une ligne spéciale de bus pour rapatrier les fêtards et éviter la tentation de la voiture, grande faucheuse de jeunes noctambules.

Les clubs ont parfois des soirées communes. Voici la publicité de l’un d’entre eux, prise dans le journal de la Kultfabrik : le « Männerabend », la soirée des hommes (XXL dit-on). Non, rien de gay (c’est ailleurs), mais la unique soirée pour les 25 clubs où l’on réalise les « tous les rêves des hommes ». Donc : bière à volonté, XXL-BBQ (Q rime ici avec saucisse), concours de tee-shirt mouillé, peinture sur corps, Go-gos, domptage de taureau (mécanique supposé-je), concours de force, d’empilement de casiers de bière (Kistenstapeln), acrobaties en moto, etc. Le rêve non ? Ah zut, c’était le 12 mai.


Mais qu’allais-je faire dans cette galère ? Outre la curiosité, c’est surtout un concert qui m’a poussé là. Car la Kultfabrik recèle aussi un des lieux de concerts les plus prisés de Munich, la Tonhalle. Comme son nom l’indique, c’est une halle, sans doute un ancien atelier, facilement aménageable pour des concerts et bien d’autres événements. Vendredi, c’était le Gotan Project qui s’y donnait. Il a vite fait chaud. Derrière des projections vidéos, des machines en quantité, des guitaristes, un pianiste, une violoniste-trompettiste, un bandéoniste de talent et un chanteuse qui met le feu à la salle. Sans tee-shirt mouillé. Vous ne verrez pas de photo de ce mémorable concert, sinon celle-ci, prise une heure avant. Toute prise de vue était strictement interdite. Comme je me suis germanisé, j’ai bêtement obéit, pour m’apercevoir qu’en bonne part du public n’en avait cure (non, pas le groupe), en usant es téléphones portables, voire de véritables appareils photos. Il est vrai qu’il était en partie composé de Français.



Et à ce moment-là, qu’est-ce que vous avez fait ? Je suis rentré chez moi, laissant les noceurs danser, emmenant avec moi une belle musique qu’ils n’auront pas, ou plus, là-bas.

*

Poire pour la soif, deux vidéos de deux concerts, bien plus anciens (Triptico et last tango in Paris)




dimanche 23 mai 2010

Compositeurs à lunettes

La vie musicale munichoise est des plus riches et le choix est parfois difficile. Jeudi, ce fut une retour au classique, avec un couple de germaniques compositeurs à lunettes à l’affiche d’un concert donné par l’orchestre de la radio bavaroise. Avec un tel nom, le Symphonieorchestrer des Bayrerischen Rundfunks n’est pas très attirant. C’est pourtant un excellent orchestre, un des trois grands orchestres de Munich, un des meilleurs d’Allemagne. Il était dirigé ce soir là par un chef octogénaire (après celui de Bach, je dois être gérontophile) mais sémillant, Herbert Blomstedt.

Au programme, en premier lieu Gross Mahler, épisode 2 (épisode 1 ici). Le bigleux est censé être représenté en héros sur la « Frise Beethoven » de Vienne, due au Gustav de la peinture, Klimt, qui ne pouvait néanmoins y peindre des lunettes. Un cycle de lieder, les Kindertotenlieder, « Chants sur la mort des enfants ». L’auteur des poèmes mis en musique, Friedrich Rückert, les avait composés après la mort de deux de ses enfants. Gustav M., qui était lui-même jeune père, ne trouva rien de mieux que de s’en emparer pour donner un cycle de lieder avec orchestre, au grand effroi de sa femme (ici, Gustav avec sa fille cadette) Alma. Ironie cruelle, la fille ainée de Mahler mourut trois ans plus tard.



Mais fait-on de la bonne musique avec des bons sentiments ? Pour les romantiques, même post-, pas vraiment. En tout, je me délecte de cette musique raffinée, douloureuse et sensuelle (oui oui, le tout à la fois). Le concert était magnifique, grâce au baryton, Mathias Goerne, actuellement une des plus grandes voix du genre.



La photo rapportée étant des plus floues, je propose aux amateurs une petite sélection de vidéos. D’abord deux du maître de Goerne, Dietrich Fischer-Dieskau. Le son est pourri, l’image aussi, mais il n’en existe pas d’autre. Si ça vous rebute, passez à la 3e vidéo…

Extrait du 1er chant, « Nun will die Sonn’ so hell aufgeh’n / als sei kein Unglück die Nacht geschehn ! Maintenant le soleil va se lever dans sa clarté comme si dans la nuit nul malheur n’était arrivé ! »).




Puis le 4e chant, « Oft denk’ ich, sie sind nur ausgegangen », « Souvent je pense qu’ils ne sont que sortis ».



Allez, un peu de beau son avec Goerne lui-même, enregistré à Londres l’an dernier (mais ce que j’ai entendu me semblait meilleur, grâce au chef ? voir ici dans la 9e symphonie du même Mahler) :





Le second binoclard était mon petit Schouchou, alias Franz Schubert, dans son imposante 9e Symphonie. « Le petit champignon », comme l’appelaient certaines de ses amies (marquant par là qu’il n’avait guère de touche avec elles), ne répugnait pas non plus au désespoir et au côté obscur de la force. Mais là, non, cette longue symphonie est pur lyrisme et puissance. Le chef a fait merveille, dans une interprétation somme toute classique mais dans un tempo rapide, l’orchestre est soyeux, bref parfait.

Pour finir, encore un peu de musique. On trouve toute la symphonie sur le net, voici juste le début du 1er mouvement, enregistré par Vienne, avec le Philharmonique de la ville, en 1973, par Karl Böhm : très beau, mais un rien guindé et lent : germanique tel qu’on l’imagine.



Pour changer, le 4e mouvement par Frans Brüggen, que j’ai vu diriger Bach au même endroit, L’Herkulesaal de la Residenz (ici), dans un tempo vif et moderne, bien plus plaisant.



Une belle soirée, avec un magnifique orchestre, pour un prix raisonnable. Ils annoncent pour l’an prochain un cycle Gross Mahler. Je sens que je vais casser ma tirelire.

*

PS : la vidéo de la Passion selon Sain-Jean dirigée par Gardiner que j’avais insérée sur ce blog a été depuis lors retirée par Youtube : elle devait être illégalement mise en ligne… je n’ai rien trouvé de mieux pour la remplacer. Il ne reste qu’à acheter des CD !

vendredi 21 mai 2010

Rassemblement de bigots


Nous sommes donc en terre très catholique. L’ascension n’est pas seulement un pont, il donne lieu à deux semaines de vacances. Le jeudi est un jour férié particulièrement respecté.


Il prenait un relief particulier cette année, car Munich était le lieu d’un rassemblement œcuménique des Chrétiens, qui n’avait pas eu lieu en Allemagne depuis 2003, c’était alors à Berlin. Plusieurs centaines de milliers personnes (110 000 inscrites, 400 00 attendues) sont venues de mercredi soir à dimanche matin, dans une ville qui était noire de monde et toute entière dédiée aux rites religieux.


La centre était bouclé, interdit à la circulation, et dès le premier soir, un « service divin » (la messe n’est pas œcuménique) était donné sur trois places, dont celle où a lieu l’Oktoberfest et, ici, sur la Place de l’Odéon. Sont venus le Président de la République, le Ministre-président de Bavière, le Ministre de la Défense (issu des rangs de la CSU) et bien d’autres pointures de la politique.



Orchestres, chœurs, accompagnaient ces cérémonies quotidiennes, entrelardées, cela va de soi, de Bach. Car le Chrétien a ici le Bach à l’âme.

Le public se reconnaissait aux écharpes oranges que chacun portait (un surplus des stocks de François Bayrou ?) et des badges individuels, qui, par exemple, donnaient accès gratuitement au grand musée des techniques, le Deutsches Museum (les mécréants payaient plein pot).

On y voyait des familles, des groupes d’amis, beaucoup de jeunes, venus sacs à dos, qui chantaient dans les bus et les métros, dans une ambiance semblable aux JMJ. Les autres étaient venus dans des cars ou des trains spécialement affrétés et inondaient les gares et les métros le dimanche matin, jour du départ. Dans toutes les rues de la ville, on vous accoste pour vous distribuer des prospectus, on hèle les enfants, attirés par des ballons ou des petits moulins. On prie, on parle, on cherche à convertir, à partager, à débattre aussi, lors des innombrables débats publics que la ville a accueillis – les scandales sont semble-t-il au cœur de bien d’entre eux. Et l’on voit des religieux en nombre, prêtres de toute confession, moines, nonnes – qui tapent des textos...

Dans les grandes cérémonies, comme celle-ci, à nouveau sur Odeonsplatz, on a installé des tables et des chaises sur des centaines de mètres, avec de la boisson, des pommes, des tonnes de pommes. Plusieurs milliers de personnes y restent ainsi le temps d'une longue cérémonie, assis, debout, assis, debout. Voici deux vidéos (de résolution très médiocre) prises à ce moment.



Il faut faire des centaines de mètres de détour pour pouvoir traverser le quartier. Qui le souhaite peut profiter de la distribution de pains qui a lieu à la fin de la cérémonie ; dès que quelqu’un en a un entre les mains, il le rompt et tente de le faire partager à tous ses voisins.

Celui qui pense se réfugier dans une brasserie en sera pour ses frais. Sous les crucifix, suspendus çà et là aux murs, le public est massivement composé des participant à ces journées. Car il n’y a pas d’interdiction à boire des bières après les rites et personne ne se fait prier. La ville est donc pleine à craquer.

Comme toujours, on appâte aussi le jeune avec des concerts, sur toutes les places ; le plus important se déroulait le samedi soir. Une grande scène était dressée sur le Theresienwiese, le cadre de l’Oktoberfest (ici bien avant la fête…), face à une énorme croix et encadrée des habituels à-côtés, bataillons de policiers, escadrons de toilettes, plates-formes pour handicapés, service de secours… Et des débits de boisson. Ici, bière et religion ont toujours fait bon ménage.

jeudi 20 mai 2010

Bigot, bigot, bigot


Jusqu’à présent, je n’ai guère parlé ici de religion. La Bavière est pourtant une terre éminent catholique et la religion joue en Allemagne un rôle que les Français ne connaissent (théoriquement) plus depuis belle lurette. Le parti qui dirige la Bavière, la CSU, est un parti chrétien-démocrate, comme son grand frère, la CDU. Mais ici, chrétien veut dire catholique. "L’État libre de Bavière", comme les autres Länder allemands, se mêle de religion, qui n’en est pas séparée – gare à qui propose de supprimer les crucifix des salles de cours, comme l’a récemment demandé une ministre de Basse-Saxe, « issue de l’immigration », qui voulait la suppression de tout signe religieux. Il serait bien sûr impensable qu’une autorité prononce de tels propos en Bavière.


Ici, les jours fériés religieux sont plus nombreux qu’ailleurs. On fête même ainsi le jour des rois. Le législateur bavarois a interdit les fêtes musicales bruyantes la veille de la Toussaint : tout doit en théorie s’arrêter à minuit. Le catholicisme est partout, avec une ferveur particulière pour le pape actuel, Benoit XVI, qui est Bavarois. Un bas-relief en bronze le représentant orne un des premiers piliers de la nef de la Frauenkirche, la cathédrale gothique de Munich. Il n’est pas rare de voir le soir des petits groupes de fidèles se regrouper sur la place principale, la Marienplatz, pour prier pour le pape.

Le catholicisme papal, intransigeant, convient bien à certains Bavarois. Voici le panneau qui vous accueille à l’entrée de la Peterskirche, jolie église qui domine le Viktualienmarkt :



même les horribles mains dans les poches sont prohibées. L’église ne doit pas être un repère de progressistes : l’autel y est situé au fond du cœur, le prêtre tourne donc le dos aux fidèles, selon un rite antérieur au concile de Vatican II.


Dans l’église des Jésuites, on explique aux fidèles comment prier : un panneau général recensant toutes les postures à prendre, à la manière d'un manuel de fitness,

Un autre pour chacune d’entre elles aux bons endroits. Mais à qui s’adressent-ils ? Plutôt aux fidèles d’occasion.



Tout n’est donc pas si simple naturellement. La critique est vive et omniprésente, en particulier dans la Süddeutsche Zeitung. Ce journal a été en pointe dans la dénonciation des abus sexuels commis par des prêtres et couverts par la hiérarchie catholique, énorme scandale qui a fait des mois durant la une des journaux et, par ricochet, et a éclaboussé Benoit XVI, qui était à l’époque des faits archevêque à Munich. Et ce n’est pas fini ! Du reste, il semble que près de la moitié des Chrétiens de Munich soient des protestants, venus des autres régions d’Allemagne. Le maire de Munich, Christian Ude, est lui-même un protestant. Quant aux fêtards, ils ne se laissent guère impressionner par les oukases.

lundi 17 mai 2010

Mauvaise graisse

La Grèce ne se résume pas à la très grave crise qu’elle traverse et il serait mensonger de réduire un séjour là-bas à une lente descente en désespoir. La Grèce offre aussi la fête des sens pour qui les a un peu en alerte. L’habitant de la Germanie y découvre le printemps en avance, et un printemps très vite estival. Le parfum de la fleur d’oranger alors envahit les rues d’Athènes, surtout à la tombée du jour, si propice au développement des odeurs. Car Athènes est massivement complantée d’orangers – ce sont des oranges amères, guère consommables immédiatement.
Quant à l’estomac, il est vite satisfait par les innombrables tavernes à bas prix, où l’on mange en plein air, sous les branchages, en respirant ces délicats parfums. La nourriture y est certes moins raffinée : simple, rustique, abondante, elle obéit au principe universel « mets de l’huile ! » et rassasie vite l’estomac du travailleur même acharné. L’aspect n’en est pas toujours engageant, comme vous le voyez sur cette photo d’une « marmite de la grand-mère », spécialité d’une taverne de Poros. Cela paraît bien kitsch et peu appétissant. Mais il ne s’agit que de viande de porc cuite dans une sauce huile-tomate dans un petit caquelon, surmontée de frites elles-mêmes recouvertes d’une belle masse de fromage fondue. Aussi étonnant que cela paraisse, c’est fort bon.

Autre sujet d’étonnement, ces énormes croissants et pains au chocolat, que l’on croirait gonflés à l’hélium ou fabriqués à Tchernobyl. Immondes, ces monstres ? Délicieux, au contraire ! Ici, on aime le copieux, le gros modèle, le plat opulent, voilà tout. La cuisine n’est guère moléculaire et fort peu moderne. Elle nourrit et vous dispense d’une inutile succession de plats, voire de plusieurs repas. Il arrive même que ces énormes mets soient tout de même d’emblée appétissants : ainsi de cette brioche, le tsouréki, traditionnelle ici au moment de Pâques, qui doit bien mesurer ses 40 cm de long. Elle est d’un goût subtil, souvent légèrement parfumée à la fleur d’oranger.et recouverte d'amandes effilées. À mon sens, elle remplacerait avantageusement la production de la plupart des boulangers français. Pour le goût, small n’est pas forcément beautifull.

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Pour le facile jeu de mot sur la graisse, vous trouverez ici un dessin de Martin Vidberg qui en fait le meilleur usage.