lundi 28 février 2011

Par ici les sous-sous

Cette photo a été prise dans l'église Saint-Anne d'Augsbourg (où se trouve la chapelle des Fugger)

C'est un moyen moderne, et très allemand, d'en financer la restauration: faites chauffer la carte bleue! Ou plutôt l'EC-Karte, seule à être employée ici.

mercredi 23 février 2011

Ponctualité, mon…

Je crois avoir vanté la ponctualité et la régularité des métros et dans une moindre mesure des trains allemands, certes avec nuances, mais il était clair dans mon esprit que le cliché n’était pas très éloigné de la réalité (ici). Mais voilà, le déclin a saisi l’Allemagne.

L’hiver, arrivé assez tôt, a provoqué une pagaille mémorable. La neige était trop abondante. À Munich-même, outre les compréhensibles problèmes avec le S-Bahn, qui circule souvent en surface, le métro a subi au moins sur ma ligne des perturbations quasi-parisiennes : rames très souvent annulées, horaires jamais respectés, arrêts entre les stations et tout cela à peu près sans explications. Le mois de décembre a été de ce point de vue un peu pénible.
En réalité, c’est toute l’Allemagne qui a été touchée. Tant la circulation des avions que celle des trains a été un cauchemar pour tous les voyageurs. Si même les Allemands ne savent plus gérer l’arrivée de la neige, on ne s’étonne guère que quelques flocons génèrent en France la panique. Mais ne faut-il pas plutôt admettre que la technique a ses limites et que la neige, c’est bien joli, mais, on avance moins vite quand elle abonde ?
Voici la Deutsche Bahn dédouanée ? Que nenni, car même sans neige, les problèmes sont récurrents. J’en ai encore fait l’expérience en allant à Münster (). Le train s’est arrêté pour une panne de signalisation. J’ai naturellement raté ma correspondance. Le train suivant avait lui aussi du retard. Idem pour le premier que j’ai pris pour mon retour le lendemain. Ces retards sont en réalité récurrents. Il semble que la DB n’aie pas assez investi dans le matériel et qu’elle tire un peu sur les coûts. Le résultat en est une série de pannes, et de nombreux retards, multipliés par la complexité du réseau allemand. En outre, l’ICE, pour beau et confortable qu’il soit, est loin d’être aussi rapide qu’il aurait dû l’être. Le TGV garde de ce point de vue – et seulement de ce point de vue – une longueur d’avance.
Le gouvernement promet d’investir. Mais d’ici là, nous attendons la ponctualité germanique.

*

PS : 1) Une grève générale (pangermanique) des conducteurs de train a commencé lundi. Je rirais si j'arrive à attraper le train que je dois ce jour...
2) Les curieux ou les censeurs sourcilleux qui ont été intrigué par le titre doivent aller ouvrir leurs oreilles ici:


mardi 22 février 2011

Le retour du flocon

La parenthèse printanière () a peu duré, mais elle s'est répétée deux fois. Le général H., sorti de sa torpeur, a poussé un cri, s'est rendormi, puis est revenu nous mitrailler de flocons. Il a ensuite fait une petite pause d'un mois, mais le ciel était néanmoins bien bas. La mitraille a recommencé avant-hier...
Lorsque je ne suis pas avec Hadwiga (ici), je peux regarder par la fenêtre de mon bureau la neige qui tombe sur les toits. Elle s’accumule sur l’arbre de la cour en contrebas. L’arbre grossit, grossit…
Ces photos sont un peu anciennes. Aujourd'hui, il y a moins de neige, il gèle, simplement. C’est toujours mieux que la pluie, si ce n’était que les flocons et la glace appellent, comme par un réflexe pavlovien le retour de…

Motorhead ! (pour le début, c’est ici, puis et ).

Les Hausmeister s’amusent comme des petits fous (!) à racler de la pelle et du micro-chasse-neige. Les imprudents grillent leurs moteurs à vouloir franchir matutinalement les congères que les chasse-neiges ont édifiées entre les voitures et la voie. Le réveil sonne bien tôt… A moins de se prémunir contre le bruit.

Comme dit le proverbe munichois : dehors les flocons, dans les oreilles les bouchons.
Plop.

lundi 21 février 2011

Docteur Copié-collé

Il y a quelques temps, j’ai parlé de la passion des Allemands pour les titres (ici), qui fait de l’Allemagne le pays où le docteur est roi. On ne peut devenir chancelier sans étaler un peu de culture et si possible un titre. La chancelière est le Docteur Merkel. Le politicien le plus populaire est Allemagne, Kar-Theodor (Freiherr) zu Guttenberg, est aussi Docteur. Monsieur le baron descend d’une grande famille aristocratique de Bavière.

©wikimedia/Karl Theodor zu Guttenberg
Il est le grand espoir de la CSU qui y voit un futur chancelier. Actuel ministre de la défense, ce jeunot de 39 ans a fait une carrière rapide, fondée sur un certain charisme, une apparence de sérieux et… les projecteurs des médias. Il met en scène sa fonction (« KT » en treillis en Afghanistan, sur le front), et surtout son couple, avec sa femme, en Afghanistan encore,

(Die Welt)
sur les plateaux télévisés.
dpa
Il vend du glamour.

Son épouse Stephanie est, excusez du peu, une Bismarck. Elle se bat courageusement contre le mal, à savoir l’enfance maltraitée et la pornographie à la télévision. Notamment les émissions comme « Deutschland sucht das nächste Topmodel – Germany Next Topmodel », où l’on voit de femmes trop dénudées, ou du moins avec des décolletés trop profonds. Jamais cette femme austère ne se permettrait d’apparaître ainsi en public.
Imago
Quelle idée?
(Die Welt)
Ah ça non.
Imago
Jamais.
(Die Welt)
Plus jamais.


Mais revenons à nos moutons, à savoir son bellâtre de mari, le KT. Il est donc docteur en droit, depuis 2006 et sa thèse a été publiée en 2009. Ça pose en société. Un politicien oui, mais un intello bucheur. Pensez donc il était déjà au parlement à cette époque. Prima !
Patratas ! Des esprits bien intentionnés ont eu l’idée d’examiner la thèse de KT et le scandale a éclaté depuis une semaine. De nombreux passage sont repris d’articles, souvent de journaux, sans citation, comme s’ils étaient de la main de l’auteur. La presse a monté de gros dossiers sur cette accusation de plagiat, notamment le Spiegel (ici) et la Suddeutsche Zeitung, qui, il est vrai, ont toujours été critiques vis-à-vis de la starlette de la CSU. Sur les sites internet des deux journaux, on peut aisément vérifier le bien fondé des accusations (SZ ici, Spiegel ).
Ceux qui sont passés par une thèse le savent : un travail sérieux nécessite un investissement total, presque un full-time job, incompatible avec une carrière politique comme celle de KTzG. On le soupçonne d’avoir utilisé un nègre, voire des assistants parlementaires – manifestement pas trop regardants. Les journaux bruissent de rumeurs, untel serait le nègre, finalement non, va-t-il démissionner, etc.
On me dit qu’en fait, il est notoire que bien des thèses ne sont pas écrites par leur auteur, mais par de jeunes chercheurs en quête d’argent. Il paraît que certaines officines s’en sont fait une spécialité, totalement illégale, mais il y a toujours des moyens de déguiser cela. Voilà où mène la passion du doctorat.
KT en avait manifestement une énorme envie.
dpa
Ce bon catholique devrait pourtant savoir que la gourmandise…

*
Cela n’a rien à voir, mais la CDU a subit hier une déroute à Hambourg, gagnée par le SPD. Merkel a mal au Bundesrat et va devoir naviguer à la godille. Il est permis de sourire.

*
Complément du 22 février: Gutti (comme l'appellent certains) a déclaré hier soir qu'il renonçait à son titre de Docteur. Selon lui, avec toutes ces années de travail à sa thèse, il aurait perdu le contact avec les sources initiales... Bref, il prenait bêtement des notes sans noter la source. Bête ou malhonnête?

jeudi 17 février 2011

Münster sans odeur

Le long des voies, le voyageur a arrêté de compter les éoliennes qui se dressent partout au-dessus des champs à la terre grasse. En lisière des bois, et parfois au milieu des vastes prés, des groupes de biches ou de daims regardent le train glisser sur les rails. Pas de vaches à l’horizon. Je suis en Allemagne du nord, en Westphalie. Invité par des collègues, je vais à Münster. Une demi-journée suffit pour faire le tour de cette ville universitaire – grosso modo 45 000 étudiants pour 200 000 habitants. La ville, qui associe brique et pierres, a bien du cachet.
(ici la vue depuis mon hôtel)
Certes, tout a été radicalement détruit dans des bombardements particulièrement efficaces. Mais, comme ailleurs, on a tâché de reconstruire à l’identique, comme ici le Rathaus, ou dans l’esprit, en respectant formes et matériaux anciens. Tout est toc, mais plaisant. Le soleil qui y régnait il y a deux semaines ajoutait au charme de la visite.


Dans le genre toc amusant, l’église Saint Lamberti, où l’on a même réinstallé les cages où furent exposés en 1536 les corps des chefs anabatistes, pour y pourrir. Je vous passe l’explication sur cette secte (nom qui désigne les religions n’ayant pas réussi) qui s’était emparé de la ville et y fut exterminée.
Plus intéressant, et magnifiquement restaurés, sont les monuments baroques de la ville, ici un palais d’évêque (Erbdrostenhof, à vos souhaits) et une chapelle (liée à un hôpital détruit en 1945), la Clemenskirche. Outre les volumes, j’aime particulièrement l’alliance de la pierre et de la brique. A l’intérieur, les fresques offrent parfois des coups d’œil intéressants, mais le bleu des colonnes est d’un kitch écœurant comme un jarret de porc baignant dans une choucroute trop grasse.
Est-ce dû à une restauration hasardeuse ? À un peintre baroque un rien provincial ?

Mais tout finit, comme toujours, par une bière dans cette fort accueillante brasserie.

De cette ville active et charmante, je repars songeur. Y a-t-il en Allemagne une ville qui ne soit un décor moderne, imitant la vieille Allemagne, celle d’avant la folie qui la fit disparaître dans le fer et le feu ? Authentique est-il un gros mot ?

lundi 14 février 2011

Une confession : j’étais à Augsbourg


Augsbourg n’est éloignée de Munich que d’une grosse demi-heure. Il y a quelques temps, j’y ai fait un bref passage pour tâter le pouls de la ville aux deux confessions (au minimum). La ville, bien plus ancienne que Munich – elle est romaine – ne manque pas de charme, entre ses façades renaissance ou modernes, en premier lieu son hôtel de ville (Rathaus). Un beau palais baroque, le Schäzlerpalais, qui vaut moins par son extérieur que par sa grande salle d’apparat, peinturlurée à souhait. Des églises comme s’il en pleuvait – ici St Ulrich et St Afra. Je me demandent si beaucoup d’Augsbourgeois se prénomment Afra. La ville était fortifiée, mais leur état actuel, très restauré, peint en rose, ne fait tout simplement pas sérieux (ici la « Rotes Tor »).

Comme partout en Allemagne du sud, on y mange, bien. Admirez la taille énorme de ce Millirahmstrudel (en gros : à la crème), de chez Dichtl, pâtisserie hautement recommandable. On peut donc poursuivre la visite l’estomac bien plombé. Au menu : la banque. Augsbourg doit en effet sa richesse à la banque des Fugger, une sorte de multinationale avant l’heure, qui s’épanouit aux XVe-XVIe siècles. Mais elle existe encore : en voici la porte d’entrée. Derrière, le secret bancaire.
Ces banquiers étaient mécènes : il bâtirent un quartier entier de logements sociaux, appelé la Fuggerei Fuckerei sur les plans du Moyen-Âge, ce qui était bien plus amusant. Réservé aux catholiques – tenus de prier dans la chapelle – les logements sont loués pour moins d’un euro par an (si si) et encore habités.
Tout cela a naturellement été abondamment détruit, et opiniâtrement reconstruit, en vingt-cinq ans. Avec ce ciel plombé, les canaux, la brique et la pierre, on se croirait presque à Bruges. Encore une ville de marchands.

lundi 7 février 2011

Regardons-y à deux fois


Dans la Schellingstrasse de Munich se trouve un opticien en apparence banal, Optik Bartholomä.
Il prend soin des ses vitrines, qu'il change très régulièrement. Elles valent la peine d'être vues. La dernière en date, que vous voyez ici, comporte moins de lunettes que de décor. Et quel décor! Des poussins haut perchés, cherchant leur voix, des corps de poulets décapités - certes en plastique - et des œufs.
Des œufs en pagaille, des Früstückeier, a-t-on écrit à la main sur une boîte. L'opticien regrette-il de n'être pas un volailler?
L'explication se trouve ici, avec ce mot: dioxine.

Un énorme scandale secoue en effet l'Allemagne depuis des semaines: par une série de négligences et de malveillances d'intermédiaires peu regardants, ce poison s'est retrouvé à haute dose dans la nourriture pour animaux. Donc les cochons, que l'on a abattu en grand nombre. Mais aussi les poulets, les œufs - peu importe l'ordre choisi: c'est la panique. On enquête, les politiques tapent, un peu tard, du poing sur la table: au pays du roi bio, cela fait désordre. Notre opticien, qui a des convictions et un goût prononcé pour la provocation, se sert de sa vitrine comme d'un dazibao.

C'est parfois, comme ici, plus énigmatique. Mais très allemand. Vend-il pour autant plus de lunettes? Mystère. Peut-être aux militants des verts, qui sait.

Pour la rime, je vous laisse avec un peu de musique. J'ai un œuf qui est en train de cuire.

mercredi 2 février 2011

Ach ! diese schlanken Franzosen !

Les soldes et le froid battant leur plein, je me suis mis en quête d’un pantalon chaud. Non loin de mon bureau (il se trouve que j’y travaille), je repère une boutique qui offre des pantalons d’aspect présentable. C’est encore un peu cher, mais la qualité a l’air bonne. Germanique. La vendeuse me conseille bien sûr une taille trop grande pour moi : le triomphe efface vite la vexation. Voici enfin ma taille. Surprise, ce fichu pantalon est encore trop grand à la taille, alors qu’il me serre bien trop à l’entrejambe. Ce fut le cas avec tous les pantalons de la boutique – et avec bien d’autres. Et la vendeuse de commenter ainsi ce fait : « Ach ! Diese schlanken Franzosen ! ». Il semble que nous soyons bien plus minces que les Allemands. Pourtant, je ne suis pas particulièrement schlank en ce moment : des pantalons – achetés en France – en témoignent. Mais la différence doit bien être réelle. On me dit également qu’en Suisse les Français ont en général peu de succès : les filles les jugent un peu trop gringalets. Elles voudraient du costaud, bien rempli, du mâle rustique en quelque sorte. Il y a des exceptions.

En Allemagne, les pantalons semblent donc prévus pour accueillir un ventre bien rempli. De la à les baptiser de sac à bière, il y a un pas que je ne franchirai pas - mais cela pourrait cependant expliquer l'aspect de certains mannequins, voir hier (ici). Je laisse enfin chacun libre d’expliquer à sa façon ces entrejambes si serrés pour nous, les gringalets.

mardi 1 février 2011

Sans commentaires



Munich, Galleria Kaufhof Marienplatz, mannequins rayon hommes, 08 janvier 2011