jeudi 31 mars 2011

Sans commentaires

Munich, Sendligerstrasse, mars 2011.

lundi 28 mars 2011

Groß Mahler (pour la CDU)

Les conservateurs de France et d’Allemagne sont dans la panade après les élections de dimanche dernier. De ce côté du Rhin, Merkel fait la grimace. Mais encore plus les libéraux du FDP, exclus désormais de certains parlements pour n’avoir pas atteint 5 % des voix. Le plus spectaculaire est la défaite de la CDU en Bade-Wurtemberg, le Land frontalier de la France, où ils détenaient le pouvoir depuis 58 ans. Ce n’est pas le SPD qui en profite, qui perd des voix, comme dans l’autre Land, la Rhénanie-Palatinat, où il devra gouverner avec les verts. Ceux-ci triomphent, au point de doubler la SPD en Bade-Wurtemberg : c’est donc de leurs rangs que doit sortir le prochain Ministre-Président du Land, une première dans l’histoire de l’Allemagne.

Les perdants – tout le monde sauf les verts – ont tous dit que le responsable en était la situation au Japon, qui a nourri le rejet du nucléaire. Ce n’est pas faux, mais c’est voir un peu court. Les opposants à l’énergie nucléaire sont très nombreux en Allemagne. Jusqu’en 2009, les gouvernements, aiguillonnés par eux, avaient même décidé que le pays sortirait du nucléaire. Or, le gouvernement Merkel y a renoncé dès l’automne 2009, peut-être poussé par les libéraux, très liés aux industriels de la branche. On prolonge donc les centrales, dont certaines sont bien vieilles. Ce changement a beaucoup choqué et a jeté bien des gens dans les bras des verts. L’opposition à certains grands projets urbains, jugés pharaoniques et pilotés sans l’avis de la population, comme pour la gare de Stuttgart (« Stuttgart 21 »), capitale du Bade-Wurtemberg, a encore alimenté les rancœurs. Or, seuls les verts s’y sont opposés. Dès l’automne dernier, les sondages leurs étaient très favorable. C’est une tendance de fond, accentuées par l’actualité. Les vieux partis ont du soucis à se faire.
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Si j’ai à nouveau utilisé ce jeu de mots facile, c’est suite à un magnifique concert auquel j’ai assisté vendredi soir. Des lieder de Mahler, un piano (Wolfram Rieger) et un immense baryton, Thomas Hampson. Simple, dépouillé, amusant, piquant, émouvant. J’en redemande.

Ou:

mercredi 23 mars 2011

Ca chauffe

En politique encore, il est vrai. Les élections ne sont pas bonnes pour la CDU - mais c'est pire pour l'UMP, pourvu que ça dure. La politique étrangère allemande, pour le moins incohérente, fait chauffer la plume des commentateurs - voir par exemple ici une analyse vacharde du Spiegel. Mais au fond on s'en moque.

C'est le printemps, vraiment. La preuve.
Le thermomètre monte, monte, dépasse le 10°, maintenant les 15°... Usque non ascendat? Point trop n'en faut, la nuit, il gèle presque et il est fort imprudent encore de se départir de son écharpe. Mais le soleil met les animaux que nous sommes fort en joie. Les terrasses et les Biergarten sont pris d'assaut. Un autre signe est propre à Munich. En fin de semaine, il flottait sur la ville un odeur persistante et un peu âcre. Humide, animale, une odeur de décomposition. Comme si tous les jardins de la ville avaient été abondamment pourvus en engrais naturel. Bref, ça sentait le fumier. Cela arrive assez souvent et je suppose que la municipalité, rouge-verte, très verte, use de ce moyen biologique pour amender les terres de ses nombreux parcs. Munich mérite bien son surnom de "gros village d'un million d'habitants".
Donc, à la question "mais qu'est-ce que c'est?", je réponds ceci:


Le père noel est une ordure - c'est de la merde ? von scupa

jeudi 17 mars 2011

Le printemps...

Ayant l'esprit de contradiction, je parle du printemps alors qu'il n'est pas encore officiellement investi dans sa fonction. Qui plus est devant un ciel gris et bas, après deux journées de pluie. Mais voilà, les bourgeons se poussent du col, les forsythias éclatent et les corbeaux, si nombreux en hiver, s'en retournent coasser vers les steppes d'où ils étaient venus se réchauffer ici pendant l'hiver. Ils sont remplacés par les merles et les mésanges qui chantent déjà le redoux. Le mois de mars a été jusque là bien agréable, plutôt ensoleillé. Au fond, l'hiver, après un début en fanfare neigeuse, en décembre, fut clément, bien plus que l'an dernier. cela confirme une intuition de l'an passé (ici): les chamans sibériens, qui nous annonçaient le pire hiver depuis des décennies, sont des charlatans. On connaît la formule: un chaman comme un arracheur de dents.

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La température politique est estivale, avec les élections du printemps (dans dix jours dans deux Länder), le changement de ministres, la querelle sur le nucléaire, alimentée par ce que vous savez, etc. Mais il règne une plus grande unanimité en politique étrangère: les Allemands semblent dans leur immense majorité ne pas avoir à lever le petit doigt dans la question Libyenne. Pour une fois, le ministre des affaires étrangères, le comique Westerwelle, pourrait être populaire. Pour le dire vite: les Allemands ne veulent ni donner leurs sous (souvenez-vous de la Grèce) ni se mêler d'une quelconque guerre. Et puis la Libye, c'est loin. Khadafi n'a même pas planté sa tente à Berlin, alors... Égoïsme d'une nation riche qui a tendance à n'en faire qu'à sa tête? Sagesse de ceux qui voient la difficulté concrète d'une intervention et l'incohérence de ses promoteurs - quid de la Côte d'Ivoire, du Yémen ou de Bahrein? Ou simplement traumatisme, si vivace, de la seconde guerre mondiale, qui nourrit ici un net antimilitarisme et un puissant pacifisme, alimenté par le bourbier afghan? Il y a sans doute un peu de tout cela (un courte mais bonne analyse ici), mais ce n'est guère glorieux. Il est tout de même quelques voix critiques, encore la Suddeutsche Zeitung (ici et ), qui aime bien se payer la tête de "l'incroyable Guido" (voir ...).

dimanche 13 mars 2011

Vin et barbarie

J’étais donc à Würzbourg en février (voir ici). En descendant la colline du Marienberg, on passe entre les vignes. Au début, on salive en pensant à la dégustation future. Puis on remarque le nombre de sarments qui jonchent le sol, les blessures de la vigne. Quel est donc ce massacre, cette taille brutale et sans nuances ?

L’explication vient plus bas. Pour gagner du temps, le gros de la taille est mécanisé. Un petit camion passe sur les pistes. En descend une chenillette, tirée par un câble. Elle passe entre les rangs. Un bras articulé encadre la rangée de ceps et taille automatiquement. Arrivé en bas, la chenillette se retourne et taille l’autre rang. Le câble la remonte sur le camion, qui avance de deux rangs, et l’opération recommence.


Le procédé est à la fois des plus astucieux et assez barbare. On voit bien qu’il économise de la main d’œuvre et du temps. Mais quelle perte par rapport à la taille manuelle ! Et regardez le vigneron des temps modernes…
Mais c’est peut-être ce qui permet des prix relativement bas.

Notons un autre détail : l’herbe pousse au pied des ceps, entre les rangs, ce qui montre que l’on ne traite pas massivement. Cette vigne semble être cultivée selon des méthodes biologiques. Un paradoxe bien allemand : la mécanisation et le bio. Le moteur et l’air pur.

vendredi 11 mars 2011

Vin et châteaux

Au nord de l’État de Bavière se trouve la Franconie. Ses habitants revendiquent leur propre culture, qui n’est absolument pas bavaroise. Il paraît qu’il existe même des nationalistes franconiens. Je n’en ai pas encore rencontré, mais un séjour de 24 heures dans une seule ville de Franconie, Würzbourg, ne me le permettait évidemment pas.

Voilà encore une ville reconstruite pierre par pierre, après les bombardements très destructeurs de 1945. La cathédrale (Kiliansdom), dont la façade est romane et la nef baroque, avec des morceaux de gothique dedans, n’a plus rien d’authentique, ou peu s’en faut. Idem de l’hôtel de ville, de telle église baroque (le Neumünster)et de bien d’autres bâtiments (ici la Falkenhaus). Il n’empêche, la ville, à cheval sur le Main, encadrée par ses coteaux viticole, a du charme. Un pont a été conservé, une sorte de Pont neuf ou de Pont Charles local, qui conduit à l’imposante forteresse du Marienberg. C’est là que résidèrent les princes-évêques de la ville jusqu’au XVIIe siècle. Passé ces énormes glacis d’époque moderne, on trouve un élégant château, essentiellement de la fin du Moyen-âge et de la Renaissance. La chapelle circulaire, que voici, est un de petits bijoux du lieu.

Mais les princes-évêques de l’âge baroque en avaient assez de cette trop modeste demeure. Ils se firent bâtir à l’opposé de la ville un grand château rococo, la Residenz, un des plus beaux d’Allemagne, classé au patrimoine mondial de l’humanité par qui vous savez. S’il a été bien abîmé pendant la seconde guerre mondiale – au point qu’une aile n’a pu être reconstituée – il a été minutieusement restauré, pierre par pierre, stuc après stuc, glace après glace. Le résultat est stupéfiant, que l’on soit sensible ou non à cet art surchargé. Le clou est la vaste fresque du plafond de l’escalier d’honneur, due à Tiepolo. Je n’en ai que des photos médiocres, volées, prises en bravant l’interdiction d’en faire – sans doute destinée à doper les ventes de livres de la librairie.
Une belle visite en vérité, conclue par la dégustation de vins fort agréables, enfin ! J’y reviens bientôt.

mardi 8 mars 2011

Le jardin merveilleux



Il est un passage discret, entre l’Amalien- et la Türkenstrasse, l'Amalienpassage. Il serpente entre une série d’immeubles modernes, édifiés lors d’une vaste opération immobilière qui avait alors fait scandale. Leur esthétique est discutable, mais l’endroit, avec ses successions de cours, arborées, illuminées jusqu’en janvier, ne manque pas de charme. On y trouve nombre d’endroits où manger à prix modiques, un inévitable imbiss asiatique, un épicerie-imbiss bio, la « Terre mère » (Muttererde), un Japonais, etc. Dans la dernière cour, l’été, on voyait le coiffeur, Hilda, se refaire les ongles sur un fauteuil au soleil. On aurait pu se croire à Berlin. Son successeur est hélas moins pittoresque. Cette cour recèle un restaurant français, forcément gastronomique, à l’addition de facto astronomique.
Un peu plus loin, côté sud, des arbustes et d’innombrables pots de fleurs, de plantes décoratives dessinent sur la pavé un petit jardin paisible où les tables invitent à aller goûter le soleil. C’est le Gartensalon, un petit restaurant-salon de thé ouvert par l’association d’une artiste et d’une cuisinière (voir ici leur site). C’est une bonbonnière où chaque détail a été pensé, broderie des coussins des chaises, décor des murs, pétale de fleur sur les parts de gâteaux, etc. Le kitch n’est jamais loin, mais il est désarmé par une forme de poésie, de fraicheur, d’inventivité et d’humour. On y mange pour des prix fort modiques des plats toujours originaux et vraiment savoureux. Point de grosse-saucisse-patates ou choucroute, mais des choses plus légères : currys (délicieux, mais un peu trop récurrents...), soupes, gratins de légumes. Les plus affamés peuvent goûter d’énormes pommes de terre agrémentés de Brotaufstricht très originaux - en français, on devrait dire « pâte à tartiner », ce qui est réducteur et guère positif. Par ailleurs, on nous propose régulièrement des pâtes, des formidables lasagnes (à la viande), etc. Tout cela à base de produits frais, très souvent bios. Un formidable choix de boissons où tout est original (même le choix des bières). Le meilleur est sans doute dans les gâteaux, des délices dont le choix est renouvelé tous les jours. Dans ce domaine, l’inventivité et la science des alliages de goûts est portée très haut. On sort sans regrets et avec joie des sempiternels Käsekuchen (que j’adore pourtant). J’y ai goûté les meilleurs gâteux de Munich.
L’endroit est à la fois simple et raffiné, l’accueil est charmant. Ces dames ont sans cesse de nouvelles idées, comme les soirées WM (coupe du monde football), avec le WM-hotdog (bio, bien sûr, et très bon), ou les dimanches après-midi anglais : projection d’un film adapté d’Agatha Christie, avec thé, scones et gâteaux. La contrepartie est que l’endroit est souvent pris d’assaut.
On aura compris que j’aime beaucoup cet endroit et que ce n’est pas à cause de sa fréquentation très féminine.

lundi 7 mars 2011

Zu Gut? (trop bon)

Et ça continue. Le baron Gutti s'est retiré (), mais pas de l'actualité. Il a groupe Facebook de près de 600 000 membres. Mieux, ses fans manifestent pour réclamer son retour, ainsi à Munich.
(Tageszeitung du jour; ici la SZ)
Son père, (assez) célèbre chef d'orchestre, Enoch zu Gutt., participe de cette démonstration un rien irrationnelle, défendant son fiston et recevant à l'occasion un kitchissime gâteau à l'effigie du bambin-copieur (plus ici). (encore die Tageszeitung)
Lequel se voit menacé de poursuites judiciaires (ici sur la SZ). On n'a pas fini d'en parler. Il sera facile d'opposer bientôt l'acharnement des journaux, la mesquineries des universitaires en manque de note en bas de page, au bon peuple qui soutient le sincère héros de la politique allemande, abattu alors qu'il menait la Bundeswehr au combat et à la réforme, le flamboyant baron von und zu Guttenberg. Même quand il ne parle pas, Gutti baigne dans la démagogie.
*
Pour ceux qui ont un peu de temps, Arte a consacré un bon numéro de son émission Karambolage au baron KTvzG et à son destin, clic ici.

samedi 5 mars 2011

Brunch cochon


Non loin de chez moi, dans un quartier tranquille, se trouve une ancienne auberge, Gasthof Wöllinger – ici sous la neige (leur site ). À l’intérieur, dominent les boiseries, les inévitables trophées de chasse et les alignements de bocks de bière en céramique. Pour les fêtes s’y ajoutent une surprenante décoration à base de Bretzel, très bavaroise au fond.
L’endroit est assez couru par une clientèle locale, familiale et très bon enfant. Le dimanche, c’est le jour d’un copieux brunch. Outre un grand choix de fruits secs, de charcuterie, de fromages, de fruits frais, outre du pain à gogo, du müesli à composer soi-même, outre des œufs brouillés, des saucisses, on trouve des pommes de terre sautées, des knödel, du pâté de sanglier (à tomber par terre) et… un cochon de lait entier. Il trône au milieu de la salle, et l’on va s’y découper une tranche à même la bête. Ce n’est pas un brunch pour âmes sensibles.

Une cloche sonne et des plats de mousses (au chocolat) abondamment dotés font leur apparition, suivis par de grandes poêles d’un formidable et non moins bourratif Kaiserschmarrn.
On est alors rempli pour la semaine. La dernière surprise est de constater à quel point on a été frugal : les Allemands poursuivent le repas par de grands verres de bière et l’addition est baissée de moitié (soit 10 euros), parce que « vous êtes arrivés après douze heures, il y a beaucoup moins de choses ». Je l’ai échappé belle.