jeudi 10 décembre 2009

Alexandre le Grand


La princesse qui me paie les frais de séjour à Munich s’appelle la Fondation Alexander von Humboldt. Naturaliste et voyageur du XIXe siècle, il est aussi le frère de Wilhelm von idem, le fondateur de l’université allemande. Dans son état actuel, la Humboldt-Stiftung date de sa refondation en 1953. L’institution n’a pas de parallèle en France : son financement est essentiellement public : ce sont les ministres des affaires étrangères et de la recherche qui lui allouent la quasi totalité de ses fonds. Plusieurs centaines de chercheurs du monde entier se voient chaque année allouer des bourses de 6 à 24 mois, qui permettent de vivre presque confortablement en Allemagne. La Fondation finance au total 1 800 chercheurs. L’institution qui les accueille, université ou centre de recherche, reçoit en plus des fonds pour compenser les frais induits par la présence du boursier (Stipendiat) et pour lui payer ses frais de déplacement, d’achats de matériel, de livres, etc. La fondation souhaite attirer ainsi des jeunes chercheurs en Allemagne, promouvoir les échanges entre chercheurs allemands et étranger, irriguer le système de recherche allemand. C’est une habile politique diplomatique, qui participe au rayonnement de l’Allemagne et à la diffusion d’une meilleure image du pays... Voilà pourquoi la Fondation dispose de moyens très impressionnants. Car les chercheurs disposent, en plus de la bourse, de bien des avantages : payement des frais d’assurance, subvention pour déménagement, paiement de cours d’allemand intensifs au Goethe-Institut (jusqu’à quatre mois), etc. La fondation organise de nombreuses rencontres annuelles en Allemagne pour tous ses boursiers (j’y reviendrai), tous frais payés, et même au mois d’août un « tour d’Allemagne » de quinze jours. On nous offre revues, dictionnaire, guide, cartes, agenda, stylos, pin’s et cravate de la Fondation ! Tout est donc fait pour nous germaniser. Avec succès ? C’était sans compter l’écrasante domination de l’anglais, qui s’insinue partout en Allemagne et est devenue une lingua franca.


Mais je ne boude pas mon plaisir et je tremble à l’idée qu’un sbire du gouvernement français apprenne qu’il est un pays voisin et ami où l’État paye dignement des chercheurs, avant tout étrangers, en leur offrant de splendides conditions de travail et une liberté de recherche totale sur le sujet qu’ils ont choisi. Quelle horreur ! Fort heureusement, c’est totalement impossible chez nous.

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