lundi 11 janvier 2010

Le temps et l’argent (ou général Hiver vs Merkel)


Je suis allé un peu vite avec le temps. La neige tombe continûment et l’on sent que la lutte pour une ville propre et des trottoirs dégagés devient de plus en plus difficile. Le matin, la neige recouvre tout, chaussées et trottoirs. Les graviers sont moins efficaces. Les services de nettoyage doivent s’y prendre à plusieurs reprises. Les gros tas de neige sur les places font ressembler Munich à une station de ski. Certains blocs d’immeuble (comme le mien) possèdent un mini chasse-neige, qui s’active tous le matins pour déblayer les accès et répandre du gravier. Dans mon quartier, il y a de tels engins à tous les coins de rue. Malgré cela, on marche sur une moelleuse couche de neige, que les flocons entretiennent en poudreuse. Où sont les skis ? Mais ce n’est rien : dans beaucoup de régions de l’Allemagne, on fait face à un véritable « Schneechaos » (dit-on dans certains journaux comme l’innommable Bild). Les îles de la côte nord ne sont plus accessibles, certains villages sont totalement isolés, le trafic ferroviaire et aérien est très perturbé. Bref, même ici, ça devient compliqué. Peu importe, ce spectacle donne le sourire dès le réveil.

En matière de chaos, ce n’est pas la neige qui doit préoccuper la chancelière, mais plutôt la politique générale. Les critiques pleuvent sur le gouvernement. Le ministre de la défense, zu Guttenberg (Karl-Theodor, Freiherr…), est taxé d’incompétence dans sa gestion de la participation des troupes allemandes à la guerre en Afghanistan. Cette présence suscite ici un débat assez vif, y compris au Parlement – c’est impensable, semble-t-il, en France. Il est vrai que les troupes allemandes sont à l’origine de la mort de nombreux civils afghans en septembre : ils avaient fait appel à l’aviation pour empêcher le vol d’une camion-citerne par des talibans. Lesquels étaient évidemment au milieu de dizaines de civils.

Mais la chancelière est elle-même au centre des critiques : on lui reproche son style trop personnel, trop présidentiel (no comment) et aussi les futures de mesure de réduction des impôts. À ce propos, contrairement à ce que dit Sarkozy, il s’agit pour l’instant d’un projet plus modeste que les mesures française, à savoir la baisse de la TVA sur les nuits d’hôtel. Devraient venir d’autres baisses d’impôts par la suite, si les critiques - et la crise - ne l’emportent pas. On dira que c’est le jeu normal de l’opposition que de porter ainsi la critique. Ce serait ignorer que les protestations les plus visibles proviennent du camp même de la chancelière, de la CSU (Bavière) et aussi de la CDU (reste de l’Allemagne), à des niveaux très élevés, au Parlement comme chez certains Ministres-Présidents de Länder. Il faut dire que la coalition fonctionne de plus en plus mal. La CSU est vent debout contre les réductions d’impôts, arguant, à juste titre, que les caisses sont vides. La CDU reproche aux libéraux du FDP de manquer de discipline et de trop pousser à la roue. Ces derniers (que j’ai sans doute présenté en septembre avec trop d’indulgence) considèrent à l’inverse que la politique de la coalition est trop timide, qu’il faut des baisses massives d’impôts. Leur chef (et ministre des affaires étrangères), Guido Westerwelle vient de prononcer un discours enflammé et emphatique, un vrai discours de Guido suprême. Ce qu’il propose doit permettre à l’Allemagne de se hisser à la tête des nations européennes et même à la tête du Monde (dit-il à peu près textuellement). C’est fou ce qu’on peut faire avec des baisses d’impôts. Dire que depuis des siècles, certains ont tenté la même chose avec du fer, du feu, du sang ou des chars, sans penser à baisser la TVA ou ces affreux impôts. Finalement les libéraux sont bien les mêmes partout. Messieurs les idéologues, bonsoir.
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Pour ceux qui n’en ont pas assez de la neige, j’ai mis en ligne d’autres photos de Munich sous la neige à la fin de l’album de Munich à Noël (dont le lien avait changé), ici.

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