jeudi 4 novembre 2010

Du jarret dans le Chiemgau

Autant décevoir tout de suite les curieux mal orientés : il ne s’agira ni de recette de choucroute ni d’un épisode de San Antonio. Le Chiemgau est une région du sud-est de la Bavière, à environ une heure de Munich. Son fleuron est le Chiemsee, un des plus grands lacs de Bavière.

L’an passé, l’automne ne fut qu’un long été indien. Cette année, la pluie et le froid règnent. Profitant du seul week-end d’octobre où le soleil a brillé, je m’y suis laissé guider par des amis pour une petite randonnée dans cette région. Sur le lac, le vent froid qui soufflait faisait le bonheur des amateurs de voile.

Plus haut, il fallut attendre que la brume qui montait de ses eaux froides, léchées par le soleil, se fût dissipée. Couverts de pulls, nous montions dans les nuages. Lentement, ceux ci se transformèrent en écharpe, et, en se déchiquetant, nous révélaient les épaules montagneuses l’une après l’autre. Là-haut, c’est le paradis des bovins. Souvent des races locales, dont le lait est collecté par une laiterie bio. Nous sommes en fait passés en Autriche, presque sans nous en apercevoir. Paysages, architecture et dialectes sont à peu près identiques – avec un singulier raclement des « r » pour ce dernier, qui fait un peu penser au terrible schwyzerdeutsch. Les vaches ruminent de pareil ; il est impossible de distinguer un « meuh » bavarois d’un « meuh » tyrolien. Les fermes sont toutes abondamment décorées : des balcons en bois ouvragé dégoulinent des fleurs rouges et les peintures ornent presque toutes les façades.

Nous montons encore, pour atteindre un petit col à l’herbe grasse, labourée par les sabots des vaches. La vue porte loin, côté autrichien comme côté bavarois. Par-dessus les forêts, par dessus la nappe de nuages – qui n’ont pas fait travailler leurs mollets comme nous et paraissent dans la vallée. Quelques gentianes se sont trompées de saison, qui poussent en automne !

Nous marchons sur des larges sentiers ou sur des routes tranquilles, dans une montagne très apprivoisée. Peu de labours, beaucoup de prés, très verts – c’est très arrosé ici – et très soignés. On pourrait croire que les vaches sont dressées à brouter l’herbe avec régularité, à 5 centimètres du sol, tant la coupe en est régulière. L’explication réside ailleurs. Voyez cette ferme, dominée par une ronde et verte épaule. On faisant un zoom sur l’épaule, on aperçoit la fermière et son fils… en train de tondre le pré. Le secret des jolies montagnes de la Suisse, de la Bavière et de l’Autriche réside là : les paysans tondent les prés. La mode veut ici que l’on tonde bien d’autres choses que les prés, mais c’est une autre histoire.

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Les curieux trouveront d'autres photos ici.

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