lundi 8 novembre 2010

Marcher dans la boue, sans gêne… (au Tegernsee)

L’automne est moins arrosé qu’il ne semblait devoir l’être. Le week-end en Chiemgau n’était pas le seul à être ensoleillé : le 30 octobre dernier, j’ai pu bénéficier avec une amie de quelques rayons pour découvrir un autre lac, le Tegernesee. On le rejoint par une heure de trajet d’un train très, très tranquille.

La bourgade qui porte le même nom rassemble, dans un entrelacs de ruelles paisibles, des maisons cossues, très soignées, souvent richement décorées. Tegernesse est un des endroits de Bavière où les fortunes vont prendre l’air et les eaux. On les comprend. Le soleil bas illumine les arbres dorés qui se mirent dans le lac. On y trouve naturellement un château, un ancien monastère sécularisé au début du XIXe siècle, pourvu, comme il se doit, d’une église baroque.

Nous n’étions pas là pour humer l’air frais et le parfum peu discret de la haute bourgeoisie, mais plutôt pour faire travailler les mollets sur les montagnes qui dominent le lac et lui constituent un écrin. Nous montons donc sur un des innombrables sentiers qui partent de la bourgade, en quittant peu à peu les villas prospères et les hôtels luxueux. Le sentier serpente dans un sous-bois où les feuilles ocre, brunes et rousses filtrent la lumière. Le soleil aide les troncs des bouleaux puis des sapins, vastes colonnes, à s’élancer vers le ciel. En approchant des mille mètres, nous rencontrons peu à peu des plaques de neige, là où le soleil a du mal à faire darder ses rayons. Les plaques se transforment en champs de neige, et le randonneur en gamin. Le sentier nous conduit vers un chalet de montagne qui fait office de restaurant d’altitude – on n’ose dire refuge, tant la nourriture est copieuse et l’affluence impressionnante. C’est une vraie brasserie, où l’on boit la Tegernsee, la bière locale, en admirant le reflet des sommets dans le lac.

L’on monte encore quelques mètres, pour admirer la vue, dans la neige. Le sommet du trajet est constitué par une butte exposée au nord, qui a donc gardé son manteau blanc. Nous y montons, avec peine, car le redoux la transforme en mélasse. Quand elle est fondue, elle fait apparaître des prés détrempés par l’humidité et par le piétinement des vaches. Ouh, la gadoue ! Les chaussures en sont pleines et finiront bien brunes de boue.

Comme toujours, l’effort est récompensé. Là haut, c’est un retable médiéval qui vous accueille, avec cet immense Christ sur fond de sommets et de nuages. Nous goûtons la vue.

Puis il faut poursuivre le chemin, floc !, ploutch ! C’est « matschig » comme on dit ici, et il faut à chaque pas lutter contre la chute. La descente en devient bien longue. Les heures passent. Nous admirons le soleil se coucher progressivement, découper des plans dans le lointain, caresser les nuages. Mais nous finirons, boueux, le chemin dans la nuit noire. Le chic ne passera pas par moi.

*

Les jarrets d’aciers trouveront bien d’autres photos ici.

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