lundi 29 novembre 2010

KZ Dachau (2)

Au bout du camp, on passe à travers une nouvelle reconstitution, celle du système de barbelés et de fossés qui empêchaient les prisonniers de sortir. Beaucoup y moururent, soit en voulant s’échapper, soit en y étant piégés par la perversité des gardiens : 40 000 personnes sur 200 000 prisonniers. Ce qui suit est d’époque : les fours crématoires.

Dachau était un camp de concentration, par d’extermination comme Auschwitz, c’est entendu. On y a entassé opposants politiques, Juifs, prêtres, tziganes, prisonniers de toutes nationalités, notamment russes. Tout ce monde était soumis à un arbitraire total, et, en vertu de cela, terrorisé, battu, maltraité, mal nourri, exploité par des travaux harassants, souvent exécuté froidement par les gardiens du camp. À Dachau comme ailleurs, des médecins sans âme ont pratiqué nombre d’expériences sur les prisonniers. Leurs victimes trouvaient une mort précédée de longues souffrances. Le prisonnier était aussi soumis à un règlement pervers et déshumanisant, appliqué avec une brutalité et un sadisme de chaque instant ; en vertu de celui-là, on était tout autant terrorisé, battu, exécuté, etc. L’organisation du camp – le premier à avoir été ouvert – a même constitué le modèle de tous les autres camps de concentration allemands ; les officiers SS ayant dirigé des camps y étaient souvent passés : on parlait de « l’école de Dachau ». La folie unissait l’arbitraire et la maniaque logique réglementaire. On mourait donc en masse à Dachau, de maladie (le typhus faisait rage), de mauvais traitements ou de la volonté de tel SS. Les survivants devaient se charger de détruire par le feu le corps de leurs camarades dans un crématorium. Le premier, construit en 1940, fut vite insuffisant, étant donné l’aggravation de la mortalité qui sévissait dans le camp. On en construisit un second, plus grand, plus moderne. On possède même quelques photos le montrant en fonctionnement.

Dans le crématorium se trouvent aussi une salle de déshabillage et une chambre à gaz, fonctionnelle. On ne possède pas de preuve directe de ce qu’elle ait fonctionné comme lieu de mort. Mais pourquoi diable a-t-elle alors été construite ?

La distinction entre camp d’extermination et camp de concentration tient dans ce que le premier était construit précisément dans le but d’anéantir ceux qui y étaient conduits. Mais la limite est ténue, quand les seconds, comme on le voit à Dachau, n’étaient pas loin de parvenir à ce même résultat.

Autour de ces bâtiments se trouvent les fosses communes où l’on a jeté les corps par centaines, notamment quand il n’y eu plus assez de charbon pour le crématorium. On marche sur les morts. Le visiteur sort de cette partie du camp en chancelant.

Le malaise m’avait vite saisit : comment peut-on visiter cet endroit, comme on découvrirait un château ? Que fait-on ici, avec guide et sac à dos, au milieu de dizaines d’autres gens multicolores, presque comme dans un haut-lieu du tourisme de masse ? Ce moment m’a apporté une réponse : cela m’était nécessaire. On peut malheureusement douter qu’il en soit ainsi pour tous les visiteurs. J’ai vu des groupes se faire prendre en photo devant le panneau « Krematorium » et même l’un d’eux s’appuyer devant l’entrée du premier four crématoire, avec un large sourire, triomphant, en demandant à ses amis de le photographier ainsi. Shoahpark… La bêtise est n’a pas de limites.

1 commentaire:

  1. J'ai eu droit à une classe d'italiens absolument morts de rire... comme tu le dis si bien, la bêtise n'a pas de limite !
    En revanche, je n'ai pas réussi à entrer dans la parte crématorium/chambre à gaz...

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