Tête de Turc à Munich

Munich est la ville la plus multinationale d’Allemagne : un quart de la population n’est pas allemande. On y compte certes nombre d’étudiants, de chercheurs et d’ingénieurs venus du monde entier. Des Italiens dans les Restaurants, des Grecs (j’y reviendrai), des Serbes, des croates. Et des Turcs, bien sûr des Turcs. Comme partout en Allemagne.

Les chiffres de l’immigration sont intéressants. Voici ceux que la Südeutsche Zeitung a publiés il y a déjà quelques mois (chiffres de 2009).
On y compte ceux qui arrivent (Zuwanderer) et ceux qui partent (Abwanderer) d’Allemagne. Vous verrez que les plus nombreux à aller et venir sont les Polonais, des plombiers sans doute. Mais la surprise est que les Turcs sont largement plus nombreux à partir qu’à venir s’installer en Allemagne : les fantasmes ont du plomb dans l’aile.

À Munich, les Turcs sont nombreux. Il doit bien y avoir des réseaux communautaires, on sait qu’ils sont souvent installés près de la gare. Sans doute y a-t-il des gens fort mal intégrés, des réseaux souterrains, des trafics. Mais en quoi sont-ils représentatifs de l’ensemble de la communauté ? Je ne vois bien peu de voiles à Munich, sauf quand la saison des touristes du Golfe est venue. Ce qui caractérise visuellement parlant les adolescents turcs serait plutôt un certain kitsch, un abus de la gomina pour les garçons, avec un côté tecktonik, et du maquillage pour les jeunes femmes – comme les Grecs en fait. Mais, la plupart du temps, un Turc est un Bavarois comme un autre. Ils travaillent partout et on ne devine leur origine que lorsqu’ils parlent entre eux. Ainsi de ceux qui tiennent les papeteries de ma rue, d’employés de boulangeries, de magasins de téléphonie mobile, de garçons dans une brasserie, bref des gens qui travaillent, sont entreprenants, parfaits germanophones, boivent et fument. Des Turcs intégrés en somme, mieux que les Français. En nombre. Il faut voir cette face-là aussi, à Munich comme ailleurs.

Je sens que je vais aller me faire un Beyti Kebab.