samedi 24 octobre 2009

En vrac : Merkel II, des petits hommes et le désespoir de Mémé


De quoi désespérer Mémé !

Quelle ou «La source», dont le nom se prononce en allemand «Kfelleu», entreprise bien connue de vente par correspondance, est placée en liquidation judiciaire. La disparition de ce catalogue assez ringard – et pour cause, la dame a 82 ans – peut laisser indifférent. La logique économique et sociale contemporaine condamne ce qui a surtout faite les délices des grands-mères du XXe siècle et des esprits moqueurs. Mais elle fait ici la une des journaux, y compris des plus sérieux. C’est un événement comparable à la disparition, chez nous, de Manufrance: l’entreprise est basée en Bavière, principalement à Nuremberg. 10 500 emplois vont disparaître brutalement, dont 4 000 à Nuremberg. Nombre d’autres entreprises, qui vivaient en symbiose avec Quelle, vont aussi souffrir, non seulement les fabricants, mais aussi les expéditeurs, la Deutsche Post, DHL, etc. Dans la conjoncture actuelle, même dans la prospère Bavière, c’est une catastrophe sociale. Les débats sont houleux, d’autant plus que Quelle devrait rembourser 50 millions d’euros d’aides publiques (fédérales et bavaroises) : le feuilleton dure en effet depuis longtemps et les autorités avaient essayé de l’aider, en vain. Que vont acheter les mémés ?


Le Merkel nouveau est arrivé

L’Allemagne a un nouveau gouvernement, qui devrait être présenté mercredi. Les Unions et le FDP sont parvenu à un accord tant sur le programme que sur la composition du gouvernement – alors que certains Länder n’ont pas encore de gouvernement. Au programme: la croissance, disent-ils, à coup de réduction d’impôts (25 milliards), de mesures familiales, mais aussi d’augmentation des prélèvement pour l’assurance maladie, peut-être le retour au nucléaire, la réduction du service militaire à 6 mois et bien des promesses dont je vous passe la liste. Cela donne au profane (que je suis) l’impression d’une mélange peu cohérent entre tendances libérales (plus d’atôme, baisses d’impôts, un peu de libéralisation des règles du travail, de l’assurance maladie, etc.) et conservatrices-sociales (plus de protection et d’aides pour les familles, volonté affichée de ne pas changer de modèle social, d’équilibrer prélèvements et aides, etc.).

Ce programme est bien éloigné de mes propres convictions et je serais volontiers sceptique sur ses chances de réussite. Je demeure néanmoins fasciné par l’efficacité avec laquelle les négociations ont été conduites pour aboutir à un compromis globalement précis et qui a en premier lieu porté sur des idées et non sur des questions de personnes.


Anniversaires

2009 est en Allemagne une année de commémorations. Si on ne parle guère des 80 ans de la crise de 1929, on a beaucoup évoqué les 70 ans du début de la Seconde guerre mondiale, avec force documentaires sur l’agression allemande contre la Pologne (ainsi présentée), mais aussi les 60 ans de la Bundesrepublik, les 20 ans de la chute du mur de Berlin et… les 50 ans d’Asterix. Le héros d’Uderzo et de Goscinny est peut-être ici le plus populaire des personnages de la BD franco-belge. L’anniversaire est largement commenté dans la presse, y compris, là encore, dans la très sérieuse Süddeutsche Zeitung. On le trouve partout, à l’instar de Tintin, mais aussi d’autres personnages que l’on attendrait moins, comme Johann et Pirlouit – voire Monsieur Jean de Dupuy et Berberian. Certains enseignants du Goethe-Institut en recommandent très sérieusement la lecture pour faciliter l’apprentissage de la langue. J’ai commencé avec Astérix chez les Goths.


M. Talonnette

Le petit Français dont on parle le plus est cependant Nicolas Sarkozy. La courtoisie des Allemands fait qu’ils n’abordent pas ce sujet directement et que les articles des journaux demeurent relativement neutres. Mais on sent nettement qu’ils voient surtout le ridicule du personnage, dont les frasques, les saillies, et les détails de la politique sont fidèlement retranscrites et suivies. Les Allemands ne sont pas les seuls : la presse suisse, ou belge, sans parler des grands médias de langue anglaise, s’en délectent. Au Goethe-Institut, les Français étaient unanimement consternés et honteux quand nous sont arrivées les nouvelles de l’affaire Jean Sarkozy. Vu d’ici, la France nous apparaît encore plus crûment sous le jour d’une république bananière. Cela nous a donné l’occasion de faire apparaître notre colère, comme de faire rire les salles avec les histoires de la taille de N.S., également bien connues ici. Bref, tout le monde nous plaint et nous comprend, à l’exception des Russes qui n’y voient rien à redire. Les Russes n’ont jamais rien entendu à la démocratie.

Vu de l’étranger, notre Président est vraiment petit.


On s’en moque

- L’automne a pour le moment renvoyé l’hiver dans ses foyers.

- La soirée beuverie avec les profs du Goethe-Institut est bien mensuelle.

- Il y aurait à Munich plus de 1 000 personnes atteintes par la Schweingrippe (ici, on n’a pas peur du porc). La maladie est prise très au sérieux et les Allemands trouvent tout à fait normales les mesures d’évacuation. En discipline. Mais sans aucune conséquence sensible la vie quotidienne. La panique n’est pas à l’ordre du jour.

- Le FC Bayern a été battu par Bordeaux. J’évite donc de dire que mon beau-frère est Bordelais.

- Quant ce n’est pas de la bière, les Munichois semblent avant tout boire des vins blancs allemands et des vins rouges italiens. Il va falloir les éduquer.

2 commentaires:

  1. Ici, à Bruxelles, on s'est (un peu) moqué de nous au début et maintenant, on nous plaint (franchement) d'avoir le papa-de-Jean (ou le mari-de-Carlita) à la tête de l'Etat. Et comme en plus, les Belges n'ont pas ce culte de la personne connue, du pipole, ça me renvoie encore plus au visage le fait que mon pays soit gouverné par une baudruche qui fait sa belle.
    Il faudra que je dise deux trois choses sur la famille royale pour qu'on compare nos démocraties...
    o2

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  2. Ici, à Bordeaux, on aime quand même les Münichois, on met la tête dans le sable concernant le nain surexcité qui nous sert de roi... pardon, de monarque... pardon, de président, et son fils, qui, il faut le dire, s'il avait mis des lunettes plus tôt, aurait certainement été élu à la tête de l'EPAD.
    Puisque la politique française se résume à cela et que même les Chinois, qui, en matière de démocratie, s'y connaissent un peu, rient de nous...
    X

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