mardi 6 octobre 2009

Oktoberfest ! (2) Schrecklich !

Trêve de gentillesses, l’Oktoberfest n’est pas que gaîté, flirt et fraternité. Le rassemblement peut aussi être assez agaçant. La foire est amusante, mais c’est une énorme opération commerciale. Tout y est bien sûr plus cher. Le Maß de bière à plus de huit euros, voilà qui scandalise un Munichois. Pour un Parisien qui paye chez lui son demi (donc un quart de Maß) près de quatre euros, cela reste très abordable. Les marges sont néanmoins confortables. La quantité colossale de victuailles qui est présentée et consommée peut donner le tournis, la simple vue des innombrables étals de saucisses, de bonbons, de barbapapa, de pains d’épices, de poissons, comme l’odeur entêtante sont un peu écœurantes.
L’impression qu’on en retire peut fortement différer selon les jours où l’on y vient. J’y ai passé du temps en milieu de semaine ; c’était très agréable, mais déjà bien plein. En fin de semaine, c’est effroyable, les touristes arrivant par centaines de milliers. On voit des groupes entiers débarquer le vendredi, surexcités, notamment de nombreux Italiens dans des tenues un peu baroques qui prouvent que l’Italie n’est pas uniquement le pays du design et de l’élégance. Les métros vomissent des hordes de sardines aux stations du Therensennwiese, au point que certaines d’entre elles ont été fermées le dernier week-end, le temps que la foule s’en extraie. Dans ces moments-là, ont fait la queue partout, devant les attractions, mais aussi à l’entrée des Bierzelten, qui ferment lorsqu’elles sont pleines comme de gros oeufs. Certaines peuvent pourtant accueillir dix mille personnes, sans parler des Biergarten situés à l’extérieur. Qui plus est, des mesures de sécurité ont été prises cette année, qui imposaient l’ouverture des sacs à dos à l’entrée des Bierzelten, puis de tous les sacs à l’entrée même du Theresienwiese. Conséquence de la menace terroriste que ferait peser Al Qaïda sur l’Allemagne. Certains journaux populaires comme l’Abendzeitung en ont fait leurs choux gras (ici trois éditions de la semaine passée). Cela n’a dissuadé personne d’aller se faire compresser sur le site.
La bière consommée en abondance a aussi, on s’en doute, bien des effets négatifs. Dans les pelouses qui ceinturent le Wiesn, on trouve bien sûr des gens qui font une pause, en s’extrayant du chaudron qui bruisse de rires gras et de chants entonnés à gorge déployée. Mais bien des cadavres y gisent aussi dans un état assez lamentable. Au moins le sommeil les rend-ils inoffensifs : certains sont redoutés, en particulier les Australiens qui auraient la détestable manie de se confectionner des trophées avec les effets arrachés aux autres fêtards. On dira qu’il suffit de ne pas se rendre sur le site pour être tranquille. Mais la foule dégorge dans la ville toute la journée. Des serpents de touristes, compacts, occupent les rues du centre, la plupart du temps la bière à la main. Car on boit du matin au soir. On voit les gens débarquer de la gare, ou assis dans le métro, se rendre au Wiesn une buvant une bouteille de bière – de 50 cl, cela va de soi. Le soir, ils reviennent en titubant. Le métro est sillonné par des groupes de braillards. Ceux qui n’en peuvent plus sont avachis sur les quais, les yeux dans le vide, ou sont soutenus par leurs compagnons ou compagnes. Car les femmes ne sont pas en reste et j’ai vu bien des couples où c’était l’homme qui tentait tant bien que mal de ramener l’épouse chez elle. Dans ces cas, il s’agit bien souvent d’Allemands, même de Munichois : les touristes ne sont pas tous fautifs. Même s’ils crachent et vomissent à qui mieux-mieux un peu partout.
Le dernier week-end, c’était encore plus pénible car il y avait un match du Bayern l’après-midi ; là encore, on va assister au match en se préparant par quelques excès. Le match se déroulant l’après-midi, les spectateurs pouvaient sans peine aller se finir à l’Oktoberfest. Sans parler des after-Oktoberfest qu’organisaient nombre de boîtes et de bars. Et cela un jour de fête nationale !
Des petits malins avaient aussi organisé en même temps l’Erotik Messe, le salon de l’érotisme local. On pouvait donc apparemment associer tous les plaisirs pendant deux semaines. Mais je n’ai pas pu étudier cette intéressante rencontre : cette Messe ne m’est connue que par les innombrables placards de bon goût qui l’annonçaient partout en ville et dans les journaux. L’année prochaine, qui sait ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire