vendredi 30 octobre 2009

Saucisse, Sexe & Senf


Des innombrables lectrices et lecteurs de ce blog, plusieurs m’ont fait remarquer que la photo qui l’orne (51) était plus qu’équivoque : de la vraie pornographie. La Weißwurst évoquerait un pénis, certes pas bien vigoureux, mais de bonne taille, et le Breze le sexe féminin. Quant à la Senf… La disposition des choses sur l’assiette ajouterait à la confusion du lecteur, qui aurait la nette impression que la saucisse s’en va visiter le Breze. Je suis encore perplexe, car je n’y vois que des victuailles et si une telle photo me ferait saliver, ce serait juste à l’idée d’un bon repas. Pour ma santé psychique, il est d’ailleurs plus sain de n’avoir pas ce genre de pensée à chaque fois que je dois engloutir une Weißwurst, une Nürnberg ou une Currywurst, ou, ce qui arrive plus souvent, à chaque fois que je croque dans un Breze beurré (le Breze, pas moi). Un mien ami me suggérait d’écrire « le blog d’un obsédé à Munich ». Mais c’est déjà le cas : le blog des lecteurs obsédés ! Dans quel état serez-vous, chers amis, lorsque vous viendrez à Munich, si vous conservez cette association d’idées ? Des saucisses, vous en verrez pendre à dans tous les étals ; vous en verrez des montagnes se reposer les unes sur les autres ; vous en verrez à tous les coins de rue, dans toutes les assiettes ; vous en verrez coincées dans des petits pains ronds, lovées dans la choucroute, jouant avec des patates ou accompagnées de deux grosses boules, les fameuses Knödel; vous en verrez des blanches, des rouges, des roses, des jaunes, des marron, des noires; des courtes, des petites, des grosses, des minces, des trapues, des longues. Et même des très longues, puisque l’on attire le chaland avec la saucisse demi-mètre, comme en témoigne cette photo prise lors de l’Oktoberfest. Vous verrez des gens les prendre avec les doigts, ou bien les couper en tranches (car toutes les saucisse se débitent en tranches), les croquer, les regarder amoureusement, seuls, à deux, à trois, ou en groupe. Vous en verrez même se mettre à plusieurs sur une même saucisse, ce qui est souvent nécessaire pour avaler la saucisse demi-mètre – voir à gauche la photo d’un joyeux luron fier de la participation à cette consommation collective, un soir, bien entendu, d’Oktoberfest. Verrez vous donc Munich ainsi, une ville turgescente, où la phallofolie la dispute au cunnifétichisme ? Car le Breze est aussi partout : c’est un des symboles de la région et il est sert de décor même dans les magasins de vêtements. Mais il se mange ! Au restaurant, on vous apporte une corbeille de Breze, non de pain. Les boulangeries comme le moindre vendeur de sandwiche offrent un plein étal de Breze de toute taille, là encore, jusqu’au demi-mètre. Il doit être à la fois croquant à l’extérieur et moelleux à l’intérieur ; le nec plus ultra est le Breze délicatement fendu et beurré, qui fond sous la langue. Avec quels yeux verrez-vous ce complaisant étalage de Breze ?

Le pire est à venir si l’on déguste la Weißwurst dans les règles de l’art. Personnellement, je m’en coupe doucement une tranche, que je tartine d’un peu de Senf, puis je la croque, en déguste la saveur délicate, en alternance avec un morceau de Breze, et affiche un sourire de satisfaction. Mais c’est là manière d’étranger, voire de barbare. Un vrai Munichois, pour consommer ce met de choix, n’en mange pas la peau et n’use ni de couteau, ni de fourchette. Il la saisit précautionneusement avec les doigts, en trempe le bout dans la Senf, l’incise à un bout et en aspire la chair blanche : il la suce jusqu’à ce qu’il ne reste plus que la peau, qu’il abandonne, flasque, dans son assiette. Cela s’appelle zuzeln, verbe qui n’est employé que pour la Weißwurst. Avec de la pratique, on la zuzel très vite, si j’en juge par une vidéo (elle est un peu longue : ici, un Munichois explique, avec son bel accent, la technique, mais ne montre rien). Reconnaissons que la pratique répugne même à bien des Allemands et que l’association d’idées est ici inévitable.

Mais si l’on se contente de consommer la saucisse à la manière habituelle, il me semble que l’on peut vivre à Munich dans se croire dans un lupanar ou dans le tournage d’un film de Marc Dorcel. Me trompe-Je ?

Vous pouvez me le dire en votant dans le sondage exclusif que j’ai placé dans la partie droite du blog. Ne votez qu’une fois, ô vous les obsédés. Il faut cependant que le panel soit assez important : vous pouvez faire voter vos compagnes et vos compagnons, vos amants et vos maîtresses, vos grands-mères, vos psy – mais pas vos enfants adolescents, qui sont bien trop travaillés par leurs hormones.

Une dernière question me taraude : et la senf ? Certes, elle a souvent une saveur sucrée, certes, on la tartine, mais regardez la photo. Qu’y voyez-vous ? Moi, de la senf.

Mais tout cela m’a donné faim, je me ferai bien une Weißwurst.

1 commentaire:

  1. Une récidive, ce midi: une Weisswusrt avec un Breze. Rien à faire, je n'ai vu aucune connotation sexuelle dans ce qui est passé de mon assiette à mon estomac.

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