vendredi 12 février 2010

Motörhead


Munich est une ville verte, Munich est une ville à bicyclettes, Munich est aérée. Munich est calme, les voisins veillent au grain. Munich est une ville sportive où l’on fait tout son possible pour rester gesund. Et pourtant, Munich est aussi une ville vrombissante. Munich est en premier lieu la ville-mère de BMW. Les motifs bleu et blanc du logo de la marque sont en effet les couleurs de la Bavière. Voitures et motos BMW sont conçus ici. Aucune ville, sans doute, a autant de BMW dans ses rues. La marque a même fait construire en plein centre un luxueux hall d’exposition, le BMW am Lenbachplatz (à gauche), où sont organisés de temps à autre des événements culturels, comme la projection de Métropolitz de Friz Lang lors de la « Longue nuit des musées » d’octobre. Mais la marque s’est aussi fait construire un centre-musée futuriste, le BMW Welt (à droite et ci-dessous), qui est devenu une des attractions de Munich. On peut y voir tous les modèles de la marque, essayer, toucher les engins, dîner, boire et sans doute en acheter. Les Munichois aiment, comme, je crois, tous les Allemands, ces voitures épaisses, robustes, qui respirent le confort et le luxe non tapageur. Un peu vulgaires aussi, surtout les 4 x 4.

Munich étant une ville riche, on en voit beaucoup ; des BMW, mais aussi des Mercedes ou des Porsche. Je n’ai jamais autant vu de Porsche de ma vie qu’à Munich ! On y trouve bien sûr un Porsche-Zentrum. J’ai entendu à la radio des publicités qui incitant à se rendre dans « votre concessionnaire Porsche », comme si leur banalité était évidente. On trouve aussi en plein centre un magnifique concessionnaire Aston Martin. My name is


On comprend que les tentations d’appuyer sur le champignon soient fortes et les radars ont fleuri. Mais l’amour des Allemands n’est pas automobile en particulier, il est motorique. Ils vendent des machines-outils et des moteurs au monde entier mais ils s’en servent aussi. Nous sommes au paradis des amateurs de bricolage bruyant et des fanatiques de la mécanique, de l’objet qui tourne, visse, fraise, ponce, troue, soulève, casse, répare, pompe, rempli ; des petits, des grands, des moyens, des longs, des gros, des énormes. Mais il faut que ça fasse vroum ! Se conjuguent ici l’amour de la mécanique et le goût pour l’objet pratique qui facilite la vie quotidienne. Tout le monde est équipé d’objets animés, de véhicules multiples et cela a un sérieux revers, même dans un quartier paisible comme le mien, dans un immeuble où il ne fait pas bon écouter du métal. Les travaux sont incessants. C’est le propre des villes riches de tout refaire constamment à neuf et il en va de même pour les appartements. Chaque immeuble est entouré de jardins assez vastes et boisés. Les couleurs de l’automne sont même dans ces immeubles gris et ternes un enchantement. (ici, depuis ma fenêtre). Mais les feuilles mortes ne se ramassent pas à la pelle. Non, une armée de braves gens employés par le Hausmeister (un hybride du concierge et du syndic) fait souffler des machines hurlantes dans tous les coins pour pousser les feuilles et en faire des tas. Et l’on peut recommencer tous les jours. Tant qu’il y aura des feuilles. Où sont les écolos ?


Vient l’hiver et l’on se croit enfin tranquille. On regarde, le sourire aux lèvres, la neige adoucir les angles, caresser les arbres et se propulser en boule sur vos amis. Interdiction de saler : c’est mauvais pour la nappe phréatique. On se contente d’un fin gravier, répandu sur les rues, les trottoirs et les allées des jardins de nos immeubles. Mais il faut bien dégager les rues. Et là, vroum, revoilà les moteurs. Une armada de petits camions chasse-neige ou de gros engins de chantiers opère tous les matins. Il doit falloir d’immenses parkings pour garer cette horde vrombissante et raclante. Il y a mieux : chaque Hausmeiter a son petit chasse-neige personnel, assez étroit pour aller dégager les allées des immeubles, tous leurs accès (ici, derrière mon immeuble). Quant il est passé, on peut aussi achever les détails en raclant bien fort à la pelle, mais l’engin a rendu normalement ce travail inutile. Il faut naturellement que tout soit praticable pour que les gens puissent se rendre en toute quiétude à leur travail le matin. Aussi commence-t-on dès 5h30, du lundi au samedi. Le réveil est radical, mais je n’ai pas à me plaindre : il paraît que, dans certains quartiers, l’on commence à racler les rues dès 4 heures.


Faut-il donc souhaiter le printemps ? N’y verra-t-on pas les Hausmeister, comme dans un film d’horreur, armés de tronçonneuses pour tailler les arbres qui ne demandent qu’à pousser ? Il paraît que l’hiver est long… J’ai de bons bouchons d’oreille.

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