jeudi 20 mai 2010

Bigot, bigot, bigot


Jusqu’à présent, je n’ai guère parlé ici de religion. La Bavière est pourtant une terre éminent catholique et la religion joue en Allemagne un rôle que les Français ne connaissent (théoriquement) plus depuis belle lurette. Le parti qui dirige la Bavière, la CSU, est un parti chrétien-démocrate, comme son grand frère, la CDU. Mais ici, chrétien veut dire catholique. "L’État libre de Bavière", comme les autres Länder allemands, se mêle de religion, qui n’en est pas séparée – gare à qui propose de supprimer les crucifix des salles de cours, comme l’a récemment demandé une ministre de Basse-Saxe, « issue de l’immigration », qui voulait la suppression de tout signe religieux. Il serait bien sûr impensable qu’une autorité prononce de tels propos en Bavière.


Ici, les jours fériés religieux sont plus nombreux qu’ailleurs. On fête même ainsi le jour des rois. Le législateur bavarois a interdit les fêtes musicales bruyantes la veille de la Toussaint : tout doit en théorie s’arrêter à minuit. Le catholicisme est partout, avec une ferveur particulière pour le pape actuel, Benoit XVI, qui est Bavarois. Un bas-relief en bronze le représentant orne un des premiers piliers de la nef de la Frauenkirche, la cathédrale gothique de Munich. Il n’est pas rare de voir le soir des petits groupes de fidèles se regrouper sur la place principale, la Marienplatz, pour prier pour le pape.

Le catholicisme papal, intransigeant, convient bien à certains Bavarois. Voici le panneau qui vous accueille à l’entrée de la Peterskirche, jolie église qui domine le Viktualienmarkt :



même les horribles mains dans les poches sont prohibées. L’église ne doit pas être un repère de progressistes : l’autel y est situé au fond du cœur, le prêtre tourne donc le dos aux fidèles, selon un rite antérieur au concile de Vatican II.


Dans l’église des Jésuites, on explique aux fidèles comment prier : un panneau général recensant toutes les postures à prendre, à la manière d'un manuel de fitness,

Un autre pour chacune d’entre elles aux bons endroits. Mais à qui s’adressent-ils ? Plutôt aux fidèles d’occasion.



Tout n’est donc pas si simple naturellement. La critique est vive et omniprésente, en particulier dans la Süddeutsche Zeitung. Ce journal a été en pointe dans la dénonciation des abus sexuels commis par des prêtres et couverts par la hiérarchie catholique, énorme scandale qui a fait des mois durant la une des journaux et, par ricochet, et a éclaboussé Benoit XVI, qui était à l’époque des faits archevêque à Munich. Et ce n’est pas fini ! Du reste, il semble que près de la moitié des Chrétiens de Munich soient des protestants, venus des autres régions d’Allemagne. Le maire de Munich, Christian Ude, est lui-même un protestant. Quant aux fêtards, ils ne se laissent guère impressionner par les oukases.

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