vendredi 21 mai 2010

Rassemblement de bigots


Nous sommes donc en terre très catholique. L’ascension n’est pas seulement un pont, il donne lieu à deux semaines de vacances. Le jeudi est un jour férié particulièrement respecté.


Il prenait un relief particulier cette année, car Munich était le lieu d’un rassemblement œcuménique des Chrétiens, qui n’avait pas eu lieu en Allemagne depuis 2003, c’était alors à Berlin. Plusieurs centaines de milliers personnes (110 000 inscrites, 400 00 attendues) sont venues de mercredi soir à dimanche matin, dans une ville qui était noire de monde et toute entière dédiée aux rites religieux.


La centre était bouclé, interdit à la circulation, et dès le premier soir, un « service divin » (la messe n’est pas œcuménique) était donné sur trois places, dont celle où a lieu l’Oktoberfest et, ici, sur la Place de l’Odéon. Sont venus le Président de la République, le Ministre-président de Bavière, le Ministre de la Défense (issu des rangs de la CSU) et bien d’autres pointures de la politique.



Orchestres, chœurs, accompagnaient ces cérémonies quotidiennes, entrelardées, cela va de soi, de Bach. Car le Chrétien a ici le Bach à l’âme.

Le public se reconnaissait aux écharpes oranges que chacun portait (un surplus des stocks de François Bayrou ?) et des badges individuels, qui, par exemple, donnaient accès gratuitement au grand musée des techniques, le Deutsches Museum (les mécréants payaient plein pot).

On y voyait des familles, des groupes d’amis, beaucoup de jeunes, venus sacs à dos, qui chantaient dans les bus et les métros, dans une ambiance semblable aux JMJ. Les autres étaient venus dans des cars ou des trains spécialement affrétés et inondaient les gares et les métros le dimanche matin, jour du départ. Dans toutes les rues de la ville, on vous accoste pour vous distribuer des prospectus, on hèle les enfants, attirés par des ballons ou des petits moulins. On prie, on parle, on cherche à convertir, à partager, à débattre aussi, lors des innombrables débats publics que la ville a accueillis – les scandales sont semble-t-il au cœur de bien d’entre eux. Et l’on voit des religieux en nombre, prêtres de toute confession, moines, nonnes – qui tapent des textos...

Dans les grandes cérémonies, comme celle-ci, à nouveau sur Odeonsplatz, on a installé des tables et des chaises sur des centaines de mètres, avec de la boisson, des pommes, des tonnes de pommes. Plusieurs milliers de personnes y restent ainsi le temps d'une longue cérémonie, assis, debout, assis, debout. Voici deux vidéos (de résolution très médiocre) prises à ce moment.



Il faut faire des centaines de mètres de détour pour pouvoir traverser le quartier. Qui le souhaite peut profiter de la distribution de pains qui a lieu à la fin de la cérémonie ; dès que quelqu’un en a un entre les mains, il le rompt et tente de le faire partager à tous ses voisins.

Celui qui pense se réfugier dans une brasserie en sera pour ses frais. Sous les crucifix, suspendus çà et là aux murs, le public est massivement composé des participant à ces journées. Car il n’y a pas d’interdiction à boire des bières après les rites et personne ne se fait prier. La ville est donc pleine à craquer.

Comme toujours, on appâte aussi le jeune avec des concerts, sur toutes les places ; le plus important se déroulait le samedi soir. Une grande scène était dressée sur le Theresienwiese, le cadre de l’Oktoberfest (ici bien avant la fête…), face à une énorme croix et encadrée des habituels à-côtés, bataillons de policiers, escadrons de toilettes, plates-formes pour handicapés, service de secours… Et des débits de boisson. Ici, bière et religion ont toujours fait bon ménage.

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