lundi 17 mai 2010

Mauvaise graisse

La Grèce ne se résume pas à la très grave crise qu’elle traverse et il serait mensonger de réduire un séjour là-bas à une lente descente en désespoir. La Grèce offre aussi la fête des sens pour qui les a un peu en alerte. L’habitant de la Germanie y découvre le printemps en avance, et un printemps très vite estival. Le parfum de la fleur d’oranger alors envahit les rues d’Athènes, surtout à la tombée du jour, si propice au développement des odeurs. Car Athènes est massivement complantée d’orangers – ce sont des oranges amères, guère consommables immédiatement.
Quant à l’estomac, il est vite satisfait par les innombrables tavernes à bas prix, où l’on mange en plein air, sous les branchages, en respirant ces délicats parfums. La nourriture y est certes moins raffinée : simple, rustique, abondante, elle obéit au principe universel « mets de l’huile ! » et rassasie vite l’estomac du travailleur même acharné. L’aspect n’en est pas toujours engageant, comme vous le voyez sur cette photo d’une « marmite de la grand-mère », spécialité d’une taverne de Poros. Cela paraît bien kitsch et peu appétissant. Mais il ne s’agit que de viande de porc cuite dans une sauce huile-tomate dans un petit caquelon, surmontée de frites elles-mêmes recouvertes d’une belle masse de fromage fondue. Aussi étonnant que cela paraisse, c’est fort bon.

Autre sujet d’étonnement, ces énormes croissants et pains au chocolat, que l’on croirait gonflés à l’hélium ou fabriqués à Tchernobyl. Immondes, ces monstres ? Délicieux, au contraire ! Ici, on aime le copieux, le gros modèle, le plat opulent, voilà tout. La cuisine n’est guère moléculaire et fort peu moderne. Elle nourrit et vous dispense d’une inutile succession de plats, voire de plusieurs repas. Il arrive même que ces énormes mets soient tout de même d’emblée appétissants : ainsi de cette brioche, le tsouréki, traditionnelle ici au moment de Pâques, qui doit bien mesurer ses 40 cm de long. Elle est d’un goût subtil, souvent légèrement parfumée à la fleur d’oranger.et recouverte d'amandes effilées. À mon sens, elle remplacerait avantageusement la production de la plupart des boulangers français. Pour le goût, small n’est pas forcément beautifull.

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Pour le facile jeu de mot sur la graisse, vous trouverez ici un dessin de Martin Vidberg qui en fait le meilleur usage.

3 commentaires:

  1. Ah décidément ce blog était devenu bien sérieux...

    Sachez que moi je spécule tous les jours contre la Grèce pour faire faire ainsi monter le dollar afin que les produits de mon usine vendus à l'exportation me rapportent plus. Gniark gniark...

    Blague à part, enfin on reparle de bouffe!!

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  2. Ah je me doutais qu'il y en aurait au moins un qui goûterait ce genre de note!

    Sinon, ce n'est pas contre la Grèce qu'il faut spéculer mais en effet contre l'euro. une bonne baisse n'aurait pas que des effets négatifs. dévaluons l'euro!

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  3. PS: pour les amateurs de boustifaille, il faudra attendre juin pour les prochaines nouvelles. Sauf découverte culinaire extraordinaire, bien sûr...

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