mardi 16 mars 2010

Munich, le rendez-vous des ringards ?

La vie musicale à Munich est très riche. C’est particulièrement vrai pour la musique classique, dont elle est un des principaux centres européens, avec quelques-uns des meilleurs orchestres mondiaux et un public de connaisseurs, voire de fanatiques. Elle est aussi la ville du prestigieux label de jazz ECM. Dans d’autres domaines, elle est un des passages obligés des grandes tournées. C’est ainsi que U2, tel Bigard, va bourrer le stade olympique en septembre prochain, comme Muse ou Placebo l’ont fait en novembre. Les grosses pointures passent toutes ici. Cela dit, en fait de grosses pointures, on trouve aussi une étonnante concentration de vieilles godasses dont on avait parfois oublié jusqu’à l’existence.


Lisons ensemble le programme. On trouve des personnes pour qui l’on a du respect, mais qui donnent des signes de fatigue : faut-il aller écouter ce mois-ci le délicieux cinéaste mais médiocre clarinettiste Woody Allen ? Bon, c’est Woody, on lui pardonne tout. On nous annonce en novembre un concert de Deep Purple. Qui n’a rêvé d’entendre en concert le légendaire Smoke on the Water ? Pas facile, certes, après avoir entendu le Live in Japan. Mais ce n’est surtout plus le même groupe qu’en 1970 ; ceux qui restent ont quarante ans de plus. Regardons les vidéos de ces jeunes chevelus dépoitraillés inventant le hard-rock, en 1970 (Child in Time, ou 1972) ou 1973 (Smoke on the Water, ci-après).

Faut-il aller les voir, arrondis, cheveux blancs, ou presque chauves, comme ici (en 2008 à Montreux, aussi ci-dessous), ou Smoke on the Whater sent le mou du bide ?

Cette vidéo de 2005 montre qu’il avaient encore de la ressource, mais maintenant ? Bon, admettons ; certains vont bien voir un has-been cardiaque sorti de la naphtaline, érigé en mythe national (ah que..), d’autres un groupe mené par un raisin sec millionnaire sautillant comme un haricot, alors pourquoi pas Deep Purple. On pourrait en dire autant de Mark Knopfler de Donovan ou des Scorpions, qui passent en mai…


Mais on passe aussi ici du pénible à succès pas très frais, comme Kevin Costner, les casse-pieds I Muvrini (mars), Helmut Lotti (le mois dernier, l’André Rieux du chant), ou les improbables « The ten Tenors » (avril). Ce n’est rien, car voici que s’avance en roulant les « r », Mireille Mathieu, qui est accueillie par rien moins que la Philharmonie. Horreur ! C’est ainsi qu’est représentée ici la France ? Non, il y a aussi Jean-Michel Jarre. La déprime vous gagne quand on voit que les Munichois se sont rués, ou vont se ruer, sur Dione Warwick, Eros Ramazzotti, Boney M (bon, il y a pire) ou Whitney Houston.


Et toi, ô trentenaire ou pire quadragénaire qui a vécu les années 1980, viendras-tu entendre Nina Hagen (en juillet) ou Nena (oui, la grand-mère, 99 Luftballons, le mois prochain). Pensais-tu que Status Quo (si si, «In the Army Now», ici vieillis), Ultravox (un bon tube, ci-dessous pour le plaisir), Spandau Ballet (un seul tube, «True»), Chris Rea, Jeanette (allez voir pour retrouver la mémoire…) ou encore Aha (no comment) existaient et jouaient encore ? Pour leurs impôts, envoyez un don aux Ringards nécessiteux. Mais est-ce nécessaire d’aller les écouter? Si on ajoute les innombrables concerts de musique bavaroise ou de Schlager, doit-on considérer que Munich est le comble de la ringarditude ? Ou simplement du goût allemand, dont on sait la réputation ?

Ce serait trop simple ! Il est des célébrités qui, selon les goûts, peuvent métier le détour : les Red Hot Chili Peppers, Airbourne (du bon hard), Marc Almond - D’accord, avec lui, on retrouve aussi un air des 80’s avec Tainted Love ou I Feel Love (live ici et remix là et ci-dessous) avec Bronski Beat, le délice des ados en mal de jeux de mots),


Air, Emilia Torrini, Bebel Gilberto, Phoenix, Morissey, Rammstein (Ahhhhh du scandale), Marilyn Manson, Element of Crime (du bon chleu), Alice in Chains (du lourd) Ginamaria Testa, Mika, Katie Melua (Une belle reprise, deux !) ou Khaled (euh, ne faut-il pas le mettre chez les ringards ?). Allez, les deux reprises de Katie Melua pour la route:



En vérité, la jeune scène pop-rock déboule tout autant à Munich. Jugez-en : Gossip, Peter Doherty, Moriarty, (ici, et une reprise, aussi ci-après dans un petit reportage),


Moriarty : webdocu et concert inédit
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Artic Monkeys, Kasabian, Pasion Pit, The XX (venus deux fois) ou les Leningrad Cowboys, (deux fois eux aussi) et je dois en oublier, vu l’étendue de mon ignorance.

Et que dire de la présence de Mariza, « reine du fado » ou des immanquables Gotan Project (le même jour que Whitney Houston, trop dur). Quant à l’amateur de jazz, il est aux anges : il peut ou a pu écouter Yaron Herman,

Roberto Fonseca, Marc Ribot, Kurt Elling, Diana Krall, Melody Gardot (photo, ahhhhh, du rêve - par sa voix!), Jan Garbarek, Renaud Garcia Fons, Pat Metheny, Chris Rea, Andy Emler, Paco de Lucia ou Nils Landgren…

Munich est assez grande pour tous les goûts. Tant mieux pour les ringards qui paieront leurs impôts, comme pour les curieux qui ont les oreilles ouvertes ! Et dans tout ça, qu’irais-je voir ? Euh, euh, je travaille !

1 commentaire:

  1. C'est qu'il y a des choses qui ne nous rajeunissent pas dans tout ça !! Dur dur d'être un presque ou complètement quadragénaire !
    Et aaaaaaaahhh ! La voix de Melody Garbot !

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