mercredi 3 mars 2010

La vie de château à Heidelberg



Mannheim a donc permis un retour à Heidelberg, ville que je n’avais fait qu’effleurer en novembre. Venant à mes propres frais, je n’avais plus les moyen de m’offrir les chambres de l’hôtel Europäischer Hof. Mais les grâces de l’Internet aidant, c’en fut un autre qui m’hébergea, le plus modeste Bayerischer Hof, malgré tout d’un étonnant confort. Puisque vous avez déjà eu droit au petit déjeuner, je vous épargne donc la liste de ce qu’on peut y dévorer à volonté, pour une somme fort modique (8 euros). C’est avec le petit déjeuner que les Allemands manifestent une supériorité écrasante sur les Français, une exception inhabituelle en matière de gastronomie. Avec un tel en-cas, on peut donc sans problème se passer de déjeuner pour arpenter la ville, qui mérite que l’on y passe quelques heures.

Située sur la rive gauche du Neckar, à l’endroit où celui-ci débouche dans la vaste plaine du Rhin, Heidelberg livre immédiatement des charmes multiples. Elle a l’unité des villes reconstruites d’un tenant, dans l’effort consécutif aux ravages que nos ancêtres effectuèrent en 1693. Aussi s’agit-il d’une ville baroque, dont l’unité tient à l’emploi du grès rose et d’un crépis clair, et à une architecture qui fait penser aux villes françaises. On constate par là que les Français apportent la civilisation aux Allemands en commençant par tout détruire avant de leur fournir de beaux modèles pour la reconstruction. Par la suite, Heidelberg a eu la chance d’être relativement épargnée par la seconde guerre mondiale, où toute l’attention des bombardiers s’est portée sur sa voisine Mannheim.

Ayant déjà évoqué la ville et mis quelques photos en ligne, j’en viens directement à ce qui nous retint le plus longtemps, le château qui domine la vieille ville. C’était le château des princes-électeurs du Palatinat, remontant au Moyen-Âge, époque qui vit l’un d’entre eux être élu Empereur (du Saint-Empire). Il en reste encore de puissantes tours des XIVe-XVe siècles, bien que les Français aient fait sauter la plupart d’entre elles afin de réduire à néant les capacités défensives du château.

Le Schloss est donc tout cassé. On n’est pas toujours très fier de déambuler dans ces jardins qui entourent les ruines du château, en devinant la beauté qui devait être la sienne avant notre passage. L’endroit dégage néanmoins une prenante atmosphère romantique, un parfum de nostalgie teinté par le grès rose, que n’aurait pas un château refait à neuf. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles la ville fut un des hauts lieux du romantisme allemand.

Les Français n’ont pas arraché au château toutes ses ailes, il est encore de magnifiques, qui remontent au XVIe ou au XVIIe siècle. Ici la façade se dresse encore sur toute la hauteur, comme un gigantesque décor de théâtre (du milieu du XVIe s.). Là, le bâtiment a pu être reconstruit jusqu’au toit (vers 1600). On trouve dans l’une d’elles un musée de la pharmacie. Ce genre de musée n’est pas a priori très attirant ; celui-ci vaut pourtant le détour – pour qui est déjà en train de visiter le château.

Les caves abritent une collection de tonneaux de vin. Nous sommes en effet dans une importante région viticole. On trouve naturellement de la bière à Heidelberg, qui n’a aucun intérêt. En revanche, les coteaux du Neckar sont recouverts de vignes qui donnent un vin blanc très agréable, pour accompagner, par exemple, la traditionnelle Flammenküche. Au Moyen âge et à l’époque moderne, les sujets devaient verser une partie de leur récolte au château, où ce vin était entreposé dans de grands tonneaux. On y a même construit au XVIIIe ce tonneau qui, dit-on, pouvait contenir 200 000 litres et qui a la hauteur d’une petite maison. Tentative un peu ratée, car il n’était guère étanche. Il fut donc pratiquement dès l’origine une curiosité, dont on fait le tour par une série d'escaliers.

D’autres gros tonneaux sont exposés dans ce caves, dont celui-ci, qui attira notre attention pour un mot.

Voici le proverbe qui y figure : « Gott Lieben macht selig/Wein trinken macht fröhlich/Liebe Gott und trinke Wein kannst du froh und selig sein ». Ce qui peut approximativement être traduit ainsi:

Aimer Dieu rend bienheureux

Boire du vin rend joyeux ;

Aime Dieu et bois du vin,

Tu pourras être joyeux et bienheureux.

L’église et le débit de boisson font ici bon ménage. On remarque simplement qu’aujourd’hui, c’est bien Wein qui est le plus lisible. Mais voilà qui donne soif.

3 commentaires:

  1. Vu !! Augustin t'a reconnu à côté du tonneau ! C'est du joli !

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  2. Mais que fait cet enfant devant ce blog? Ce n'est pas de son âge!

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  3. Je le prépare, on sait jamais... des fois qu'il ne comprenne rien en arrivant à Münich.. Et s'il y a plein de tonneaux, il saura où trouver son oncle !

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