mardi 2 mars 2010

Alexandre le Grand à Mannheim


Il y a dix jours, j’ai fait un deuxième séjour dans le Palatinat, région allemande voisine de la France, à cheval sur le Rhin et un de ses affluents, le Neckar. La région est actuellement partagée entre deux Länder, la Rhénanie-Palatinat (au nord-ouest) et le Bade-Würtemberg (au sud-est). La vieille capitale du Palatinat est Heidelberg, où j’étais allé en novembre. L’actuelle en est Mannheim, ville neuve édifiée à partir de la fin du XVIIe siècle, après qu’Heidelberg ait quasiment été rasée par les troupes de notre débonnaire Louis XIV. Mannheim était donc une ville baroque édifiée sur un plan orthogonal.

Il en reste le château, inspiré de Versailles. Il serait le plus grand d’Allemagne avec ses 400 pièces. L’université y siège aujourd’hui, la malheureuse : en France, on y aurait mis un Ministère des finances, une présidence de région ou n’importe quel autre bâtiment du pouvoir. Nous n’avons pas fait la Révolution pour rien. De la période baroque subsiste aussi une massive église, l’église des Jésuites.

La façade est assez élégante et le grès rose, qui caractérise tant de bâtiments dans la région, lui donne une certaine chaleur. L’intérieur est aussi sobre, assez élégant, mais suscite assez vite l’ennui, du moins pour qui ne souhaite pas y effectuer ses dévotions.

Le bâtiment ci-dessous doit être un des rares vestiges que la ville conserve de la période 1900, dans une tendance un peu art nouveau-blockhaus, assez amusante au fond.

C’est à peu près tout ce qu’il y a à avoir à Mannheim. La ville est à peu près exclusivement une ville de la seconde moitié du XXe siècle. Nœud ferroviaire et centre industriel importants, elle a pratiquement été rasée pendant la seconde guerre mondiale, au point que, pour une fois, les Allemands n’ont même pas cherché à la reconstruire à l’identique. On se promène dans des rues sans numéros, comme dans une bataille navale géante (L3-M2, coulé !), avec consternation. De 1945 à aujourd’hui, les appels d’offre devaient sans doute prescrire aux architectes « imagination exclue ». Les immeubles sont donc moches et remoches.

Quel intérêt y a-t-il donc à visiter Mannheim ? Le château ne vaut pas à lui seul trois ou quatre heures de train. Manhheim est simplement dotée d’une musée actif, qui offrait ces derniers mois une exposition « Alexandre le Grand et l’ouverture du monde. Les cultures asiatiques en mutation ». Une assez belle exposition que je suis allé visiter entre amis, juste avant qu’elle ne ferme. Pédagogique, elle rassemblait des objets du monde entier, ou presque, pour replacer l’aventure d’Alexandre dans son contexte oriental et retracer, à grand traits, les avatars (en 3D) de l’hellénisme de l’Iran à l’Inde en passant par Asie centrale.

Il y en avait pour tous les goûts, même pour les enseignants prêts à perdre toute dignité devant un vrai-faux casque macédonien et une non moins réussie sarisse, cette lance de six mètres.

On comprend pourquoi on l’a exfiltré de France pour le placer en vivarium en Allemagne, où on a la sagesse de ne pas lui confier des cours.

Après ce moment culturel, il reste à traverser la ville. Plus de culture dans un trajet au milieu des vitrines de cet actif centre commerçant, où l’on vend de tout. Ouvertement, comme on peut le constater sur cette vitrine, située en plein centre, dans un quartier qui n’a rien d’interlope.

L’objet de droite est semble-t-il destiné à équiper les douches des esseulées.

La ville ne valant assurément pas la peine d’y rester, nous allons dormir à un quart-d’heure d’ici. À Heidelberg.

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